Forum CND – Jour 5 – mercredi 28 août
Comme de coutume nous avons commencé cette journée par la prière, cette fois-ci animée par la région Notre-Dame-des-Apôtres. Puis, successivement, nous avons été entretenus sur les thèmes « Racisme, privilège blanc et relations Nord-Sud » (par Maïka Sondarjee) et « Le contrat racial de Charles W. Mills » (par Aly Ndiaye). Dans l’après-midi, trois ateliers ont été offerts aux participant.e.s. : le premier sur le racisme systémique (animé par Amel Zaazaa), le second sur l’histoire coloniale et son héritage (animé par sœur Bénigne Kangaj, o.s.u.) et le troisième sur comment vivre et ressentir la périphérie (animé par le père Ismaël Moreno).
Dans la prière, nous avons été reconnaissant.e.s à Dieu de nous avoir accordé la grâce de reconnaître notre réelle place dans sa création chaque jour.
Après nous avoir expliqué ce qu’est la colonisation formelle, qui est le contrôle, la domination politique d’une nation sur une autre, ainsi que la hiérarchie raciale, madame Maïka a proposé quelques outils de décolonisation : 1- Décoloniser la pensée et reconnaitre l’existence du racisme systémique; 2- Dénoncer l’oppression; 3- Rendre nos pratiques organisationnelles plus anti-racistes et veiller à ce que les gens soient à l’aise dans nos organisations; 4- Élaborer les projets inclusifs. Elle a terminé, en nous invitant à continuer de nous éduquer, à demeurer humbles et ouvertes en vue de la réhumanisation. En nous engageant dans la « solidarité radicale », nous devons rester ouverts à l’accueil des réactions et des corrections en nous rappelant ce qui est à notre portée, et tout ce que nous devrions attendre de nous-mêmes, c’est « d’essayer de faire mieux ».
Lors de la deuxième présentation, M. Aly nous a parlé de l’ouvrage « Le contrat racial » de Charles W. Mills, qu’il a lui-même traduit en français. Il s’agit d’un contrat d’exploitation coloniale qui est lié au capitalisme racial. Selon ce contrat, il y aurait des personnes et des sous-personnes : les blancs considérés comme des personnes civilisées et privilégiés, les non-blancs, considérés comme des sous-personnes, des barbares et des non-privilégiés souvent réduits à l’esclavage. Dans son livre, Charles Mills définit la suprématie blanche comme un système politique qui, sans jamais être nommé, a fait du monde ce qu’il est aujourd’hui. Le racisme donne naissance à la notion de race et non le contraire. La race n’existe pas en soi, c’est une construction qui a un impact social dans la vie des gens. Le racisme systémique, c’est l’enracinement des privilèges au sein d’un groupe collectif tout en les refusant à d’autres. Comment pouvons-nous commettre des crimes contre l’humanité alors que nous sommes nous-mêmes des humains?
Des différents ateliers, tenus en après-midi, nous retenons d’abord l’importance d’ouvrir des espaces de dialogue pour gagner en liberté d’être, de prendre le temps de faire un chemin sur soi et un chemin vers l’autre, de chercher à savoir « quelle est la question que porte le monde et dont notre vie est la réponse? ». Ensuite, nous retenons que la discrimination créée des actions visibles et non-visibles et qu’avoir des privilèges, c’est aussi avoir des responsabilités. Il est important de déconstruire nos propres privilèges. Enfin, pour mieux en vivre en périphéries, il faut communiquer, dialoguer, éviter de vouloir tout résoudre et de fuir la réalité.
Juste avant le temps de prière, Jeanne-Marie nous a invité à méditer sur ces questions : de quelle manière, moi/nous participons aussi à reproduire les oppressions systémiques? Quels signes me/nous permettent de penser que je/nous reproduisons ces oppressions systémiques? Qu’est-ce que je fais avec le pouvoir, les privilèges que j’ai? Comment est-ce que je mets ces privilèges au service de ceux qui n’en n’ont pas? Il est temps de lever le voile sur les rapports de pouvoir entre nous…
Nous avons conclu la journée avec une belle prière du Magnificat! Pendant la prière de clôture, nous avons chanté le rêve d’un monde plus beau, construit ensemble avec des cœurs et des mains ouverts.
En soirée, le Comité de transformation a organisé une session de partage. Au même moment, en plein air, d’autres participant.e.s ont dégusté des gâteaux sous un ciel ensoleillé et ont été initiés aux cultures des peuples indigènes du Canada.