Forum CND vendredi 30 août
À chacune, chacun de vous, bonjour! Ceci est notre dernière communication et c’est avec le cœur rempli de gratitude que nous vous la partageons. Nous vous sommes reconnaissants pour cette opportunité qui nous a été donnée de partager avec vous ces nouvelles, et d’avoir pu vivre cette expérience ensemble, en tant que membres de ce comité. Nous nous sommes nourries les unes les autres, nous avons bâti des ponts, créé des liens ensemble ; nous avons collaboré à un même service malgré le défi des langues! Magnificat pour cette expérience!
Cette dernière journée est vraiment sous le signe de la gratitude, du don de soi. La prière, animée par Debbie Warner et Eileen Power de la province visitation, nous a permis d’abord de nous poser, de respirer profondément et de créer cet espace sécuritaire en nous, entre nous aussi.
Nous avons ensuite accueilli la conférence d’Amel Zaazaa sur les féminismes. Celle-ci a d’abord commencé en rappelant d’abord les notions de privilège et de racisme. Le privilège est notre « superpouvoir », que nous devrions utiliser pour humaniser le monde. Pour illustrer la question de privilège, Amel a utilisé celle d’une œillère qui nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est devant nous.
Il y a une différence entre égalité et équité. En termes d’équité, nous sommes invités à réaliser que nous sommes différents et que nous n’avons pas les mêmes privilèges mais l’objectif (de l’équité) c’est de donner le même droit à tout le monde.
«Le racisme n’est pas une question d’attitude mais de pouvoir», a dit un jour Stokely Carmicheal. Les races n’existent pas, mais le racisme existe, et le racisme fait parler des races. Au sens biologique, il n’existe qu’une seule race humaine… « Une personne racisée est une personne victime de racisme à cause de sa couleur de peau, son appartenance ethnique, son origine ou son appartenance religieuse », a défini Amel. Et, « Le racisme systémique est une production sociale qui crée des inégalités fondées sur la race dans les décisions et les traitements à l’endroit des gens », a-t-elle ajouté.
Il existe plusieurs types de féminismes : le féminisme radical, le féminisme matérialiste ou socialiste, et le féminisme universaliste. Il existe aussi les courants féministes non-occidentaux : le womanisme, le féminisme post colonial et transnational, le féminisme décolonial, le féminisme musulman ou islamique, et le féminisme intersectionnel. Amel nous a généreusement partagé sur quelques-uns de ces concepts, qui tous pointaient pourtant vers une direction commune : la libération de la prise de parole par les femmes, ainsi que le fait de réaliser qu’en tant que femmes, « nous ne sommes pas libres tant que la dernière d’entre nous n’est pas libre », et que « les instances ne doivent rien faire pour nous sans nous ».
Après la bienfaisante pause du matin, Jeanne-Marie nous a invité à partager à nos tables sur deux questions : « comment faisons-nous atterrir ces principes féministes à la CND? » et « De quelle façon réagissons-nous avec les personnes? » Dans chaque groupe, nous pouvions sentir que les échanges étaient très riches, et très authentiques.
Au terme du repas de midi, suite à une proposition des sœurs, qui désiraient prendre le temps de se parler « face à face », le forum a été scindé en deux : les personnes associées se sont regroupées dans une salle, et les sœurs dans une autre salle.
Du côté des sœurs, Jeanne-Marie a invité un premier panel de jeunes membres, composé de Marie de Lovinfosse, Debbie Warner, Mariana de Jesus, Akiyo Yonemoto, Marthe Falie Minkoue Nzie et Christa Gestezi, à partager avec nous sur la question de savoir « quel est leur rêve pour la CND, pour le monde, … ? » Ces partages furent grands de beauté, d’authenticité, et de courage. Les réactions qui ont suivi ont confirmé le besoin ressenti par l’assemblée de se parler, de profiter de ces espaces sécuritaires pour se dire des choses.
Au bout d’une heure, Jeanne-Marie a invité un deuxième groupe de jeunes sœurs à prendre la parole, toujours à la lumière de ce forum, mais leur demandant cette fois « quels seraient les pas à suivre », quelles responsabilités pour la jeune génération et celles qui nous ont précédés? « Comment aller de l’avant ? » Violaine Paradis, Libby Osgood, Sofia Izaguirre, Akiko Usui, Maco Cassetta et Évangéline Mengue ont partagé. Cela a donné suite à plusieurs prises de paroles de gratitude pour la solidarité, de mise en lumière de situations, d’encouragement, de soulagement en voyant « l’avenir » parler, de reconnaissance de la place de nos sœurs aînées dans cet important passage que vit la CND…
Les personnes associées quant à elles, ont été invitées à partager sur les questions « Comment vais-je partager avec mon groupe tout ce que j’ai reçu ? » et « Qu’est-ce-que je vais faire pour intégrer et externaliser ce que j’ai reçu durant toute la semaine? » Après, trois minutes de silence, une réflexion personnelle, le partage par table, les comptes-rendus de ces travaux ont été lus au micro, puis récupérés par l’équipe d’organisation.
À la fin de la dernière pause, comme mot de conclusion, Jeanne-Marie a d’abord pris le temps de souligner le courage que la CND a eu d’entreprendre ce chemin dont notre congrégation avait besoin. « Ces pas que nous faisons, ce sont des gains pour l’humanité », a-t-elle déclaré. Elle a ensuite remercié le comité organisateur et la CND pour cette extraordinaire expérience, puis, elle a remis la parole à Sœur Ona. Cette dernière a pris le temps de nommer et de remercier tout le monde impliqué dans ce forum : les conférenciers.ières, les membres des comités (hospitalité, social, décoration, communication, liturgie), les interprètes, le comité organisateur, l’hôtel! Ces remerciements donnaient le ton à la messe à laquelle nous avons tous participé. Cette messe a, comme celle du premier jour, été présidée par Kevin Kelly, s.j. Tout au long de cette célébration, nous sentions que chaque élément avait été pensé en syntonie avec la semaine que nous venions de vivre. Un moment touchant fut l’homélie, que trois de nos sœurs, Clara Marina Quintanilla, Maco Cassetta et Lucie Mekoulou ont partagé, à partir de la parole de Dieu lue. C’était beau de voir et d’entendre comment elles reliaient l’Évangile de Lc 1, 45.56 à la transformation à laquelle ce forum nous invite, à un appel à faire confiance en la promesse de Dieu.
Pour le souper, nous avons été conviées à un banquet au cours duquel nous avons été servi.e.s « royalement » par l’équipe de l’hôtel. Au moment du dessert, Mme Suzie Prince a pris le soin de remercier l’équipe dans les 4 langues et leur a dit combien ils et elles ont été extraordinaires : « nous avons reçu un service d’une qualité exceptionnelle! Merci du fond du cœur! »
Pour couronner le tout, un groupe de musique traditionnelle du Québec, la Famille Painchaud, a joué pour nous. Le feu a pris dans la salle, dès la première chanson nous étions tous.tes levé.e.s et dansions la farandole… Cela a dit long sur les fruits de ce forum déjà cueillis.
Merci de tout cœur pour votre attention, votre proximité par la prière tout au long de ce forum. Avec amour et gratitude,
Véronique, sœur Agnès et sœur Violaine