Bulletin l’Heure Juste
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Pour cette édition de l’Heure juste, les membres du comité exécutif ont opté pour une approche positive, soit dévoiler des expériences de solidarité humaine en contexte de pandémie. Parce que les périodes de crise mettent en lumière autant les forces que les faiblesses d’une société. Et ces preuves de solidarité sont une expression de ses forces. Les faits énumérés dans le dossier ci-dessous, sous le titre Solidarité humaine en contexte de pandémie, ne sont que des exemples qui pourraient être multipliés à l’infini et refléter différents milieux. Ces exemples sont puisés dans diverses publications audio ou écrites, particulièrement les réseaux sociaux.
En complément du dossier, vous trouverez la description de l’expérience d’insertion solidaire en quartier populaire de nos consœurs, Dominique (Sabas) et Violaine (Paradis).
Solidarité et pandémie
11 mars 2020. Quand l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dévoilait, tardivement mais clairement, que le coronavirus s'emparait de la planète, nous ne pouvions imaginer l'ampleur de ce que représentait une pandémie. Certes, nous avions lu les histoires des calamités des temps passés, mais l'arsenal de vaccins et l'avancée de la science de nos temps modernes avaient effacé de nos esprits la pensée qu'un tel malheur pouvait réapparaître. Nous nous sentions trop développés pour être pris au dépourvu; nous étions invincibles! 11 mars 2020: rappel à l'ordre par un infiniment petit qui nous remettait à notre place dans la chaîne de la vie sur cette planète. C'était le début de notre apprentissage en terrain dangereux. Toute une leçon d'humilité!
Devant la consternation de la population, les gouvernements ont commencé par répondre aux plus urgents besoins de la vie quotidienne. Les organismes devant protéger nos santés sont intervenus pour nous donner les moyens de vaincre la propagation du virus. Mais en constatant que tous les peuples de la terre se trouvaient confrontés au même problème, le réflexe était de chercher et de trouver une réponse globale. Aux grands maux, les grands remèdes! Les solutions locales et les élans de solidarité ne pouvaient suffire, il fallait une réponse planétaire à un mal planétaire.
26 mars 2020: G-20 «Nous avons le devoir de rester unis pendant ce sommet et de donner un message fort d'espoir et de calme en prenant des mesures pour atténuer cette crise.» Voilà la réponse globale attendue de la rencontre des grands de ce monde. Et cette réponse fut donnée par le roi Salmane de l'Arabie Saoudite… On ne sait pas toujours d'où vient le vent!
Une proposition des Nations unies et de l'Union européenne veut trouver une issue qui soit «inclusive et durable» en appelant la solidarité des pays riches. Une autre lueur d'espoir, c'est de demander aux pays moyens ou riches de financer l'envoi des vaccins aux pays pauvres: un petit 28 milliards de dollars supplémentaires pour boucler l'année 2020. Une autre proposition, c'est l'allégement de la dette des pays moins développés mais surtout l'allégement prolongé… jusqu'à la fin de 2021. Et après?
Pour marquer leur effort, les dirigeants des 20 pays veulent donner un nouveau départ à la reprise économique après le COVID-19. Ils veulent être un exemple de la coopération internationale. Au mal global, la solution globale est la reprise économique. C'est la réponse du G-20 pour envelopper la planète de sa sollicitude!
Les dirigeants du monde nous laissent le champ libre pour nos actions sur le terrain. Notre sensibilité à la détresse de l'autre, notre imagination pour concrétiser une présence discrète mais chaleureuse, notre disponibilité, notre temps pour l'accueil, notre générosité pour le partage, bref tout ce que nous inspire le profond respect de chaque personne humaine.
Quand viendra le temps des bilans, nous ne regretterons pas le temps du jardinage…
Denise Brunelle
Solidarité humaine en contexte de pandémie
L’entraide en milieu de soins
Aux soins intensifs de l’Hôpital général juif, quand l’inhalothérapeute Alexa Yaffy intubait le premier patient placé sous ventilateur au Québec, ses mains tremblaient, mais sa cheffe d’unité, Angie Spiropoulos, était au bout du fil pour la soutenir. «On a survécu à tout ça, parce qu’on était ensemble pour s’entraider», ajoute Stephanie Petizian, infirmière-chef aux soins intensifs. (Le Devoir, 6 mars)
Des cercles d’entraide
Cette période de réclusion temporaire, exceptionnelle, entraîne heureusement des réactions solidaires. Par exemple, des cercles d’entraide se mettent en place dans différentes régions du Québec. Alix Ruhlmann est membre du collectif Décroissance conviviale Montréal. Elle dit constater que les groupes Facebook d’entraide se multiplient. Différentes offres sont proposées: des cours de zumba par vidéo, des ateliers pour enfants, des gens proposant leur bras pour différentes taches…
«On se retrouve soudainement avec beaucoup de temps, dit-elle en entrevue téléphonique. Ça donne le temps de réfléchir, et avec ce temps, on a aussi la possibilité d’aider des personnes qui ne peuvent pas aller faire leurs courses, parler à des gens qui n’ont personne avec qui échanger… Je vois beaucoup de collaboration.»
Des travailleurs, travailleuses communautaires à l’œuvre
Des travailleurs communautaires s'assurent que les personnes les plus vulnérables ne soient pas abandonnées à leur sort. Julie-Anne Fortin de l’organisme Les Accordailles (Plateau Mont-Royal) et ses bénévoles offrent des services de soutien et de support aux personnes en perte d’autonomie, afin de les aider à demeurer dans la communauté le plus longtemps possible. En pandémie ils et elles font des appels pour s’assurer que personne ne manque de rien. Elles et ils se proposent pour faire des courses, préparer, faire et livrer des épiceries.
De l’aide alimentaire
Alors que la population continue à subir les contrecoups de la pandémie et que l’insécurité alimentaire est toujours aussi présente partout au pays, La Tablée des Chefs et ses partenaires se mobilisent et relancent les Cuisines Solidaires. L’objectif est de cuisiner et livrer plus de 2 millions de portions aux Banques alimentaires au Canada en 2021, dont plus de 1,6 million pour les Banques alimentaires et organismes communautaires du Québec.
La Popote roulante de l’Est de Montréal qui livre des repas à une cinquantaine de personnes âgées complètement isolées. En pandémie, l’organisme prépare des repas surgelés livrés à domicile, sans contact.
Stéphanie Hawkins de Pointe-Saint-Charles propose de fabriquer des miches de pain aux gens dans le besoin de son quartier. Directrice au service linguistique chez un détaillant du centre-ville, Stéphanie Hawkins est forcée comme des milliers d’autres à travailler de chez elle pour les deux prochaines semaines. «Je suggère de faire une à deux miches par jour pour les familles ou individus dans le quartier», écrit-elle sur Facebook.
L’entraide numérique
Le nombre de groupes Facebook créés dès le tout début de la crise est passé d’une poignée à la pléiade, instaurés surtout dans les principaux arrondissements montréalais. Le principe est simple: on y propose son aide, ou on la demande.
Chaque matin, sur le groupe public Facebook intitulé «Solidarité au temps du coronavirus — Plateau-Mont-Royal», un message à deux volets est publié. D’une part, les offres d’aide, et de l’autre, les demandes. Un lundi par exemple, Violette offrait «de faire des grosses batches de nourriture et de les partager avec les gens dans le besoin».
Marie-Pascale Ayotte, résidante du quartier Hochelaga, fut l’une des premières à échafauder l.un de ces groupes, «Entraide soutien Coronavirus Hochelaga», aussitôt que la situation s’est enflammée. «Quand il y a eu la fermeture des écoles et que les gens devaient continuer à travailler, ça a créé du stress pour beaucoup de familles. Aussi, dans mon coin, il y a beaucoup de personnes âgées ou vulnérables et je me suis demandé ce qu’on pouvait faire dans cette situation. J’ai pensé monter un groupe pour que les gens puissent s’entraider et qu’il y ait une forme de solidarité», explique cette étudiante de 25 ans. La réponse ne s’est pas fait attendre, la barre du millier d’inscrits ayant été franchie en quelques jours, et l’offre de soutien dépassant largement les demandes: des inconnus proposent bénévolement leur aide pour effectuer des achats, prêter leur auto, faire du gardiennage d’enfants ou tout simplement converser avec les personnes isolées.
Du gardiennage
Face à la pandémie de la COVID-19, des initiatives de solidarité émergent spontanément sur les réseaux sociaux. Des résident.e.s du Sud-Ouest de Montréal soumettent leurs noms pour la garde d’enfants.
À Montréal, une page Facebook créée par un groupe d’adolescents a offert des services de garde d’enfants aux parents incapables de rester à la maison. Le cofondateur du groupe, Taowa Munene-Tardif, 17 ans, a déclaré que le groupe était à l’origine composé d’élèves passés et actuels issus de la même école. Mais au fur et à mesure que la nouvelle s’est répandue, des dizaines d’autres jeunes se sont joints à eux.
Dans le monde artistique
Unir la science et les arts est l'un des objectifs de la collaboration entre la Société des arts technologiques (SAT) et la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, qui lancent une série de vidéos d'artistes du Québec témoignant de leur solidarité envers le personnel de la santé et les scientifiques en ce temps de pandémie.
Florence K a partagé deux touchantes vidéos par l’entremise de ses réseaux sociaux lesquelles sont rapidement devenues virales. Dans les vidéos en question, nous pouvons voir la chanteuse, accompagnée de sa sœur Éléonore Lagacé et de ses proches, chanter les chansons La vie en rose d’Édith Piaf et My Favorite Things (tirée du film La mélodie du bonheur) devant la vitre de la résidence où habite sa grand-mère, en isolement en raison de la pandémie de coronavirus. «Pour que notre super mamie puisse continuer à voir la vie en rose, même derrière la vitre de sa résidence», peut-on lire en légende.
Solidarité envers les personnes itinérantes
Un mouvement de solidarité envers les itinérants s’est manifesté. Comme les ressources pour leur venir en aide ne suffisent pas à la demande, une dame a décidé de s'impliquer pour leur apporter un peu de réconfort. Pendant au moins huit semaines, au square Cabot, Diane Gervais a travaillé avec des organismes pour fournir des repas à plus d'une centaine de personnes. Des personnes itinérantes sont aussi parties avec des couvertures.
Vivre la solidarité
En décidant de venir habiter dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, nous avons fait le choix de vivre la solidarité. Nous désirons cheminer avec et parmi les personnes, embrasser leurs luttes et leurs espoirs.
Aujourd’hui, nous vivons dans un contexte de Pandémie, il est important de faire face à la réalité. La réalité des personnes dans le besoin nous a interpellées et a suscité notre engagement. Besoin aussi de voir tout ce qui se fait de beau et d’y participer. Nous souhaitons par ces mots les mettre en lumière. Voici quelques exemples de notre présence solidaire dans le quartier.
Par des appels téléphoniques, nous brisons l’isolement des aîné.e.s et des personnes plus vulnérables. Ainsi, nous permettons aux personnes de s’exprimer dans une écoute bienveillante et compatissante. Ces appels finissent toujours par des éclats de rires, quel beau signe d’espérance, n’est-ce pas?!
À l’Aréna comme à l’Entraide Léo Théorêt, nous soutenons ceux et celles qui ont perdu leur emploi. À cause de la COVID, ils se retrouvent à la rue. Eux-mêmes nous disent: «je ne suis pas itinérant.e, je ne sais ce que je fais là! Je ne l’ai pas choisi!» Nous voyons tant de souffrances dans leurs visages, leurs larmes, leurs cris. Alors, nous nous tournons intérieurement vers le Seigneur en disant: «Seigneur, prends leurs cris, leurs souffrances.» Heureusement, nous pouvons prier et remettre tout cela dans le cœur de Dieu qui est plus grand que le nôtre. Notre présence les apaise, ils se savent écoutés et accueillis, non jugés, ni condamnés…
Nous leur offrons aussi de l’aide alimentaire avec la distribution de repas et de denrées. Cela leur permet de tenir plus d’une journée. Nous répondons ainsi à l’appel du Christ: «j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire.»
Nous sommes également des ponts entre les personnes. Celles qui ont besoin de meubles en vue d’un retour à la vie sociale/la vie en appartement et les personnes qui quittent la ville (toujours à cause de la COVID) et décident d’offrir leurs meubles. Il est beau aussi de souligner la solidarité que manifeste notre Congrégation en fournissant des lits et quelques meubles, couvertures et literie pour une résidence récemment ouverte et destinée aux itinérant.e.s de 55 à 75 ans. La résidence « Hochelaga » permet à ces personnes de poursuivre leurs jours plus dignement.
Au niveau d’un engagement à plus grande échelle, nous nous sommes engagées lors de la distribution de denrées alimentaires pour «l’aide hivernale d’urgence» organisée par la Table de quartier Hochelaga-Maisonneuve. Nous avons été témoins: plus de 370 familles ont pu recevoir un panier de Noël. C’était beau de voir la solidarité entre les organismes communautaires du quartier s’unir pour aider les personnes en situation de précarité. Il était bon également de voir M. Alexandre Leduc, représentant du quartier à l’Assemblée Nationale, appuyer ces démarches.
Puis, les 13 septembre 2020 et 13 mars 2021, des milliers de bénévoles se sont mis en marche pour recueillir les denrées alimentaires que les citoyens.ne.s avaient laissé sur le pas de leurs portes en signe de solidarité avec les familles éprouvées par la pandémie, le chômage, etc.
Autre signe d’espérance et de solidarité : le Bazar de l’église Saint-Jean-Baptiste de La Salle, met à la disposition des gens démunis, des vêtements chauds, des bottes, des articles de toilette, des sacs, des articles de cuisine. À quelques reprises nous avons reçu un téléphone de Daria, bénévole au Bazar, nous disant: «Venez, j’ai des articles à donner pour les personnes de l’Aréna et quatre sacs de vêtements pour les enfants défavorisés.»
Voilà quelques signes d’Espérance. Nous sommes à l’écoute des besoins du quartier. Soyez assurés que nous répondrons présentes aux moindres appels que nous recevrons !
Dominique et Violaine