Contribution à la reconstruction de la Chapelle Bon-Secours
Le 16 juin 1771, les marguilliers sur les instances des citoyens de Ville-Marie, se réunirent au Séminaire avec M. Montgolfier et M. Jollivet, pour s’entendre au sujet de la reconstruction de l’église Bon-Secours. On convient de donner à cet édifice plus d’étendue qu’il n’en avait avant l’incendie de 1754, et de faire dresser sans délai le plan du terrain, ainsi que celui de l’édifice, avec un état des dépenses que la bâtisse devait coûter, MM. Lemoyne, Gamelin, Lefebvre, Papineau furent chargés de recueillir les souscriptions des fidèles. Le Séminaire donna le terrain nécessaire pour le plan convenu, et M. Jollivet planta la croix pour la nouvelle église le 29 juin, jour anniversaire où la même cérémonie avait eu lieu du temps de notre Fondatrice. Le lendemain, à l’issue des vêpres, on se rendit en procession solennelle au même lieu, comme on faisait aussi autrefois à pareil jour. Là au milieu d’un grand concours de fidèles, M. Montgolfier, comme grand-vicaire du diocèse et curé titulaire de la paroisse, replaça d’abord la première pierre de l’ancienne église, ainsi que la plaque de plomb et l’image de la très sainte Vierge, qu’on avait trouvée en creusant les fondements, et posa ensuite la première pierre de la nouvelle église. Sous cette pierre on avait mis une médaille d’argent du pape Clément XIII, et une grande plaque de plomb où était gravée l’image de Marie, avec l’inscription :
D.O.M.
Beate Marie Auxiliatrici, sut titulo Assumptionis.
D’autres pierres fondamentales furent posées dans divers angles de l’édifice par les personnes les plus honorables du pays. : Mm. Roch de St-Ours, Luc Deschamps de la Corne, Picoté de Belestre, tous chevaliers de Saint-Louis, M. Lemoyne, baron de Longueuil; M. Bourassa, marguillier en charge; MM. Gamelin, Portier, Jacques Lemoyne, Augé, Dufy-Désaulniers, anciens marguilliers, Sous le seuil de la porte, M. Jollivet posa une dernière pierre avec une plaque de plomb portant une inscription latine dont voici la traduction :
«Ce temps, dédié à Dieu très bon et très grand et la bienheureuse Marie Auxiliatrice sous le titre de son Assomption, bâti d’abord en 1675 sur de plus petite dimensions, consumé ensuite par les flammes en 1754, a été rétabli et agrandi par les citoyens de Ville-Marie, l’an 1771, 30 juin, à pareil jour où la première pierre de l’ancienne église avait été posée.»
Notre Congrégation, qui avait tant contribué à la première construction de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours, se voyait, à la suite de l’incendie, dans l’impuissance de signaler cette fois sa religion par quelque offrande considérable, pour un édifice qui lui était si justement cher. Elle ne laissa pas cependant d’y contribuer un peu, ainsi que nous le voyons par une note du temps :
«La Communauté a fourni pour Bon-Secours la valeur d’une année de blanchissage de la paroisse, ce qui se monte à 600 et quelques livres. Nous avons aussi doré la petite niche de la sainte Vierge qui est au tabernacle de Bon-Secours. Nous avons fait les cierges et blanchi le linge de la même église pendant un an, gratis.»
Extrait de : Histoire de la Congrégation de Notre -Dame de Montréal, première partie – XVII siècle, volume V, 1763- 1790, Montréal, 1941, pages 192 à 194.