Décès de sœur Madeleine Juneau, CND (1945-2020)
Photo: Marie-Claire Dugas
C’est avec beaucoup de tristesse que les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame annoncent le décès de sœur Madeleine Juneau, directrice générale de la Maison Saint-Gabriel, Musée et site historique, survenu à Montréal le 25 juin dernier. Sœur Madeleine Juneau célébrait en 2016 son 50e anniversaire de vie religieuse.
À la tête de la Maison Saint-Gabriel, Musée et site historique depuis 1997, sœur Madeleine n’aura eu de cesse de promouvoir et de protéger le patrimoine. Éducatrice dans l’âme, elle connaissait la valeur d’une approche pédagogique basée sur l’expérience : une journée à la Maison Saint-Gabriel telle que l’avait imaginée sœur Madeleine avec son équipe, replongeait les visiteurs au 17e siècle et les amenait vers l’époque actuelle en liant le passé et le présent. Parmi tous les personnages que nous présentait sœur Madeleine Juneau, les femmes avaient la place d’honneur, à commencer par la fondatrice de la Congrégation, Marguerite Bourgeoys, les Filles du Roy, et Catherine Crolo, première métayère de la ferme. Il convenait de rendre hommage à ces femmes fondatrices de notre société, trop souvent occultées dans les manuels d’histoire. Il fallait aussi reconnaître que l’histoire s’écrit au quotidien et souligner l’œuvre de femmes d’exception contemporaines – un groupe que sœur Madeleine Juneau a rassemblé et mis de l’avant dès 2017.
Entrée à la Congrégation de Notre-Dame en 1966, sœur Madeleine Juneau a d’abord enseigné pendant quelques années au Québec et en Ontario avant d’être nommée à la direction des services éducatifs de la Maison Saint-Gabriel, Musée et site historique, en 1984. Au moment de cette nomination la Maison était encore la résidence d’un groupe de sœurs de la Congrégation. Sœur Madeleine elle-même aura vécu sur les lieux jusqu’à la fin de sa vie.
Récipiendaire de nombreux prix pour les expositions qu’elle a dirigées, sœur Madeleine Juneau était aussi reconnue à titre personnel pour l’ensemble de son œuvre. En 2012 elle recevait la Médaille du jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II. La remise de cette médaille soulignait « la générosité et l’abnégation de tous ceux qui se surpassent pour le mieux-être de la collectivité » – une définition très appropriée. Lauréate du prix Gérard-Morriset pour sa contribution au patrimoine en 2013, faite Chevalière de l’ordre du Québec en juin 2017, sœur Madeleine Juneau recevait également du gouverneur général du Canada, la Croix pour Service méritoire (division civile).
Sœur Madeleine Juneau était porteuse d’un idéal : faire connaître et apprécier ces femmes extraordinaires dont l’œuvre a marqué l’histoire de la Nouvelle-France – et toujours en faisant le lien avec le présent, pour inspirer et encourager la relève. Nous avons perdu en sœur Madeleine une grande bâtisseuse : elle nous passe le flambeau. Nous rendons grâce pour cette vie engagée : merci, sœur Madeleine, reposez en paix.
Après, [j’ai agi] dans l'espérance que, en faisant mon possible,
la miséricorde de Dieu me délivrerait du châtiment que mon peu de fidélité méritait, après [avoir] tant de fois réitéré d'embrasser sa Volonté
au moindre signe que j'en pourrais connaître.
(Écrits de Mère Bourgeoys, p. 233)