Exil des soeurs de Louisbourg
La chute de Louisbourg en 1745 marqua le commencement d’une deuxième tranche de vie religieuse pour sœur Saint-Arsène et ses trois compagnes. « Après avoir perdu la petite habitation qu’elles y avaient et tous leurs effets, » comme l’affirmera sœur Saint-Arsène au ministre de la Marine, Maurepas, le 18 mars 1746, les sœurs furent déportées avec leurs pensionnaires sur la côte de Rochefort en France. De là, elles s’installèrent à l’hôpital Saint-Étienne de La Rochelle. L’hôpital étant très pauvre, les sœurs s’engagèrent à payer leur pension et celle de leurs pensionnaires et à pourvoir à tous leurs besoins. Elles comptaient sur la gratification royale annuelle de 1 500ª [V. Marguerite Roy.]. Mais, depuis 1743 jusqu’à novembre 1748, elles ne reçurent que 1 040 des 7 500ª attendues. Si elles purent couvrir les 4 085ª qu’elles dépensèrent entre le 24 août 1745 et le 26 novembre 1748, c’est qu’elles reçurent entre 1743 et 1748 l’équivalent de deux années de la rente annuelle de 1 600ª constituée sur la succession d’Isaac-Louis de Forant*, soit 3 200ª [V. Marguerite Trottier]. Quand l’île Royale fut remise à la France en 1748, les sœurs se trouvaient dans une indigence telle qu’elles ne pouvaient envisager d’y retourner. Dans un mémoire qu’elles adressèrent à Maurepas en novembre 1748, elles se disaient «dépourvues de tout» et priaient le ministre «d’observer», notamment, qu’à Louisbourg, «elles auraient besoin de rations pour six sœurs religieuses et deux filles domestiques dont elles ne [pouvaient] se passer». Le mémoire resta sans réponse jusqu’au printemps suivant quand Maurepas, pressé par l’abbé de l’Isle-Dieu, accorda aux sœurs le prix du passage de retour plus 600ª pour les préparatifs et leur promit que la gratification dont elles avaient toujours joui à Louisbourg leur serait accordée de nouveau par le roi.
Source : Histoire de la Congrégation de Notre -Dame de Montréal, première partie – XVII siècle, volume V, 1763- 1790, Montréal, 1941.