La Visitation — Des femmes de foi, d’espoir et de vision se rencontrent
Lire : La Visitation : Luc 1:39-56
Marie, servante du Seigneur, influencée par l’Esprit, part en hâte visiter sa cousine Élisabeth. Saint Ambroise de Milan affirme que Marie est partie en hâte parce que l’inspiration de l’Esprit saint ne saurait attendre[i]. Dans son récit, Luc nous montre que la Visitation de Dieu à Marie et que la parole de Dieu, ensemencée en son sein, sont des expériences qui doivent être communiquées et partagées.
Luc ne nous apprend pas ce que Marie a dit en entrant chez Élisabeth. Il met l’accent sur ce qu’Élisabeth éprouve en entendant la voix de Marie. Élisabeth fait l’expérience du mouvement joyeux de l’enfant en elle et s’écrie : « Tu es bénie entre toutes les femmes » (Luc 1:42). [ii]
En appelant Marie « bénie », Élisabeth affirme et approfondit la parole de Gabriel qui la surnomme « comblée » – déjà transformée par la grâce de Dieu. Ainsi, elle reconnaît que Marie a été remplie de grâce pour une nouvelle mission : l’avènement d’une vie nouvelle, Jésus, Emmanuel, Dieu avec nous.
Luc ajoute une explication post-résurrection de Jésus dans les mots d’Élisabeth montrant qu’elle sait qui est Jésus dès sa conception. En l’appelant bénie, Élisabeth affirme également que Marie est la disciple idéale parce qu’elle a cru que ce que le Seigneur lui a dit qui allait s’accomplir. Plus tard, Jésus reconnaît que sa mère est bénie parce qu’elle a entendu la parole de Dieu et qu’elle a agi en conséquence. (Luc 11:29).
- Comment est-ce qu’écouter la parole de Dieu et y réfléchir influence ma vie chaque jour ?
La Visitation : modèle d’une véritable rencontre humaine
Au delà du récit que Luc en fait pour ses propres objectifs théologiques, la rencontre de Marie et d’Élisabeth démontre l’importance d’une véritable rencontre humaine. Il n’est pas difficile d’imaginer le besoin de Marie d’être avec quelqu’un qui est également enceinte et qui comprend les changements dont elle a commencé à faire l’expérience. Sa grossesse unique la place dans une situation précaire – ouverte aux soupçons et aux accusations des gens autour d’elle. Il serait naturel que Marie voie en Élisabeth quelqu’un qui la comprenne puisque cette dernière a probablement connu la honte et la disgrâce parce qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Élisabeth aurait aussi eu besoin de Marie pour la soutenir durant cette période.
Vivant sous l’oppression des Romains et de leur attitude patriarcale et religieuse rigides envers les femmes, Marie et Élisabeth ont témoigné pour nous que « Dieu est capable d’apporter la sainteté et la bonté même dans les situations qui semblent honteuses… On retrouve le Dieu incarné au milieu du désordre de la détresse humaine »[iii].
À notre époque, alors que nous faisons face à des nations en guerre dans certaines parties du monde, au racisme systémique, à la pandémie de COVID-19, l’Esprit du Dieu incarné n’est-il pas présent dans les différents mouvements pour la justice et l’égalité pour tous? Aux nouvelles, nous entendons parler des nombreux efforts que les gens font pour écouter les autres, pour surmonter les différences – des personnes qui aident leurs voisins, qui respectent la distanciation sociale, qui portent des masques afin d’arrêter la propagation du virus. Nous entendons beaucoup d’histoires de gens qui utilisent la technologie actuelle pour se connecter aux autres et communiquer leurs besoins, leurs peurs, leurs espoirs, leur compassion et leur joie. Serait-ce un signe de la présence de l’Esprit d’un Dieu de compassion?
- Où voyez-vous l’action de l’Esprit d’un Dieu de compassion dans votre vie?
Selon les Évangiles, Marie est restée avec Élisabeth durant trois mois. Nous pouvons imaginer les deux femmes dans leurs activités quotidiennes ordinaires – en train de faire le lavage, le nettoyage, la cuisine, d’aller chercher de l’eau au puits, de parler avec les gens du village et de discuter entre elles de l’enfant qui grandit dans leur ventre. Imaginons ces femmes enceintes, attentives à la vie qui bouge en elles et s’encourageant l’une l’autre, se demandant quelle différence ces enfants apporteront dans leurs vies et repensons souvent à l’appel à croire « que rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1:37). Deux femmes – enceintes, ouvertes, attentives et réceptives à l’action de l’Esprit dans leurs vies – qui reconnaissent que Dieu les a visitées toutes les deux. Voilà le cœur de la Visitation : une rencontre entre deux personnes conscientes d’un mystère unique en leur sein.
Johannes Metz écrit : « Les vraies visitations naissent à l’intérieur et vont vers l’extérieur. Pour que cela arrive, nous devons d’abord apprécier notre singularité. En étant sûrs de nous-même, nous pouvons nous oublier pour ainsi permettre à l’autre de s’approcher, de laisser sa personnalité distincte se dévoiler même si cela peut nous effrayer ou nous rebuter. »[iv]
- En réfléchissant à la rencontre de Marie et d’Élisabeth, y a-t-il des moments, lors de conversations avec d’autres, où j’ai senti la vie bouger profondément en moi parce que deux personnes qui se rencontrent véritablement font naître tout ce qui est bon dans l’autre?
- Comment cette expérience a-t-elle changé ma vie?
Dans la rencontre entre Marie et Élisabeth, nous retrouvons également le vrai sens de la mutualité : des gens qui travaillent ensemble, qui reconnaissent et valorisent l’autre, qui reconnaissent l’appel unique de chaque personne et l’importante contribution que chacun peut apporter pour faire avancer la tâche à accomplir. Lorsque l’esprit de la mutualité l’emporte, personne ne cherche à dépasser l’autre. Dans un tel climat, l’interdépendance et le respect mutuel peuvent s’épanouir et les gens peuvent partager et apprendre des forces et des idées de chacun.
- Dans le texte ci-haut, quel message donne sens à ma vie en ce moment?
[i] https://www.crossroadsinitiative.com/saints/Marysvisitationofelizabeth/. Consulté en novembre 2015.
[ii] Mandala: The Visitation, Rachel Gaudreau, CND, ©2015.
[iii] Barbara Reid, Choosing the Better Part, Women in the Gospel of Luke, MN: The Liturgical Press, 1996, pp. 84, 85.
[iv] Johannes B. Metz, Poverty of Spirit, New York: Paulist Press, 1968, p. 45.