Les aléas d’une mission : Notre-Dame-du-Lac-Kingston
Une magnifique propriété de quatorze arpents connue sous le nom de Hawthorn Cottage était en vente en mai 1867. Située au bord du lac Ontario, la maison offrait tous les avantages désirables pour la fondation d’un pensionnat qui serait une réplique de Villa-Maria de Montréal.
En septembre, quelques pensionnaires de la ville de Kingston y firent leur entrée. L’aspect des gazons verdoyants charmait les regards tandis que l’immensité du lac Ontario jetait dans l’enthousiasme. L’été passa vite. Après septembre, ce fut l’automne avec ses pluies fréquentes et la chute des feuilles; l’hiver arriva bientôt. On s’ennuya au bord du lac, loin de l’église, loin de la ville. Les vingt pensionnaires de cette villa désolée regrettaient amèrement leur couvent d’autrefois. Mère Sainte-Ursule comprit l’échec et consentit au retour à Kingston en octobre 1868.
La dépositaire générale, Sœur Sainte-Justine, se rendit sur les lieux pour fermer la maison en attendant l’occasion de la vendre. Après dix ans révolus, aucune offre n’avait été faite. En 1878, on y ouvrit un petit externat pour les enfants de Portsmouth, dans la banlieue de Kingston; trois sœurs s’y rendaient pour enseigner. En 1879, la mission devint résidence et le demeura jusqu’en 1884. À cette époque, il fut encore question d’abandonner la maison, mais Mgr conseilla de tenter l’établissement d’un pensionnat; le succès ne fut pas grand.
Enfin, en janvier 1894, le Conseil général décida la fermeture de la maison. La fondation avait duré vingt-sept ans, malgré mille inconvénients. La propriété de Sainte-Marie-duLac fut vendue à Mgr Gauthier, le septième évêque de Kingston, en décembre 1904, pour le montant de 4500 dollars; une grande partie de cet argent servit à diminuer la dette de la maison de la ville où l’on venait de construire une aile exigée pour le progrès du couvent.
Extrait tiré de : Histoire de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, volume X, 1855-1900, tome II.