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Nouvelles du Groupe Solidarité Justice

Des réseaux…

Depuis quelques décennies, nous levons notre regard vers le ciel et nous nous ébahissons des progrès de l'astronomie. Les découvertes scientifiques effacent de notre imaginaire les fictions de nos premières lectures en exposant sous nos yeux les photos télescopiques des galaxies récemment découvertes. Sous nos regards béats¸ nous voyons défiler un réseau formé par ces galaxies. De trous noirs en trous noirs, nous sommes aspirées dans un univers mystérieux, jadis insondable. Ce que les scientifiques nous transmettent, c'est la perception de découvrir un réseau bien organisé dans un univers sans limites.

En atterrissant, nous découvrons peu à peu que la boule terrestre dans laquelle nous évoluons est aussi l'habitat, « la maison commune » de tout vivant. En poursuivant notre conscientisation, nous sentons que le réseau s'étale et que les frontières reculent. Nous sommes de plus en plus proches d'un prochain concret.

Au début de sa démarche d'analyse sociale, le Groupe Solidarité Justice avait choisi d'approfondir la question de l'eau. Reconnaissant que l'eau, c'est la vie, nous avons lutté pour une gestion responsable de cette denrée essentielle. En lutte acharnée pour l'arracher aux requins de la privatisation, nous avions compris que la terre avait des réserves d'eau pour toute la création. Sous nos pieds, il y a de l'eau pour toutes et pour tous. Un vaste réseau de veines et d'artères transmet le sang à tout vivant. Les déséquilibres, sécheresses ou inondations proviennent de notre cupidité, de notre soif de consommation ou de notre inconscience repue.

En regardant son lac, Hélène Pedneault écrivait: «Les lacs ne parlent pas, ils réfléchissent. Les êtres humains ne réfléchissent pas, ils parlent.»

Après le ciel et la terre, descendons dans les profondeurs, sous la croûte terrestre. Y retrouvons-nous un réseau ? Les nouvelles nous rapportaient récemment que de fréquents tremblements de terre se faisaient sentir dans l'Ouest du Canada. Les magnitudes varient, mais la situation attire l'attention des scientifiques. Ils constatent que les procédés chimiques qui entrent dans la fracturation du roc en plein océan, non seulement polluent l'eau et la vie des vivants du fond des mers, mais ébranlent les plaques tectoniques ! Ce système d'adaptation bouge naturellement, mais nous le sentons quand la terre tremble occasionnellement. Ce vaste réseau s'adapte sans nous, comme un mouvement assurant notre tranquillité. C'est comme le soutien solide et solidaire de notre existence terrestre.

De haut en bas ou de bas en haut, nous sommes toutes et tous reliés par des réseaux essentiels à la vie. Les répercussions de nos choix renforcissent ou interceptent l'évolution de notre « maison commune ». Chaque maillon de cette immense chaîne tient par la puissance de nos actes solidaires. Quand nous nous sentons impuissantes devant les troubles actuels, croyons fermement que chacune de nos actions rejoint le moindre petit maillon.

Nous pourrions choisir personnellement de semer un « p'tit bonheur » par jour en croyant fermement que la solidarité créera la justice et la paix.

Denise Brunelle, CND


Services à la population : public ou privé ?

Thomas souffre affreusement et peine à se déplacer en raison d’un problème sévère à une hanche. L’attente pour une chirurgie, dans le système de santé public, est d’au moins 18 mois. Il se résigne à recourir au privé où il peut être opéré dans un délai de trois semaines. Pour payer sa chirurgie, il est contraint de vendre son auto ; or, il habite à la campagne et n’a d’autre moyen de transport.

Florence travaille à temps partiel dans un commerce de grande surface. Elle vient de donner naissance à un premier enfant. Aucune place n’est disponible dans un CPE. En garderie privée, les coûts hebdomadaires exorbitants l’amènent à quitter son emploi pour assumer la garde de son enfant.

Agnès et François ont un enfant autiste qui est parvenu à l’âge scolaire. Pour garantir à leur fils une éducation adaptée à sa condition et créer des conditions de réussite, ils tentent de l’inscrire dans une école primaire privée. L’examen d’admission conclut qu’il ne correspond pas aux critères de l’établissement.

Au CHSLD Herron, une résidence privée subventionnée, 53 décès sont survenus durant la première vague de la COVID 19, soit entre le 12 mars et le 1er mai 2020. Le milieu d’hébergement manquait cruellement de main d’œuvre et les résidents ne recevaient pas les soins de base requis. Les conditions d’hygiène y étaient lamentables.

De telles situations posent de sérieuses questions sur l’accessibilité et la qualité des services rendus à la population. Le système public remplit-il adéquatement sa mission ? Le recours au secteur privé peut-il pallier de façon satisfaisante aux limites du public ? Or, nous sommes en campagne électorale et les partis rivalisent de propositions – disons de promesses – plus ou réalistes les unes que les autres. Que pouvons-nous raisonnablement espérer, dans une perspective de bien-être collectif ?


Portrait de quelques services

Les services de garde

Les places existantes, au 31 mars 2018

Centres de la petite enfance 95 327

Milieu familial 91 604

Garderies subventionnées 46 997

Garderies non subventionnées 67 246 Total 301 1 74, soit 31 % en CPE

46 000 mamans ne peuvent retourner au travail faute de place en garderie alors que leur préférence est claire pour le modèle CPE. La liste d’attente pour obtenir une place est passée de 51 073 enfants au 31 décembre 2020 à 51 761 un an plus tard.

En octobre 2020, le gouvernement promet 37 000 nouvelles places dans le réseau subventionné des services de garde éducatifs à l’enfance. En février 2022, 13 974 nouvelles places sont disponibles.

Le modèle québécois des CPE fait l’envie de nombreuses administrations au pays et ailleurs dans le monde. On est en bon chemin, mais la route est encore longue pour répondre aux besoins des familles en termes d’accessibilité et selon leur revenu.

Les services aux aînéEs

Il existe au Québec cinq catégories d’hébergement pour les aînéEs : les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) publics, les CHSLD privés conventionnés, les CHSLD privés non conventionnés, les résidences privées pour aînés (RPA) et les ressources intermédiaires (RI).

Tous les résidents d’un CHSLD, quel qu’en soit le type, reçoivent les mêmes services : le gîte et le couvert, les soins d’assistance, la surveillance, services infirmiers et médicaux, les services pharmaceutiques, les services psychosociaux, les services de réadaptation.

Selon les données de mai 2020, on recense 313 CHSLD publics, 59 CHSLD privés conventionnés et 40 CHSLD privés non conventionnés sur le territoire québécois.

Les CHSLD publics sont gérés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, alors que les CHSLD privés – qu'ils soient conventionnés ou non – sont gérés par un particulier.

Les CHSLD privés non conventionnés ne reçoivent pas d’argent du gouvernement. Ils doivent quand même détenir un permis du ministère de la Santé et des Services sociaux et se soumettre aux mécanismes de contrôle mis en place pour assurer la qualité des soins et des services.

Dans les CHSLD publics et les CHSLD privés conventionnés, les tarifs sont fixés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Dans les CHSLD privés non conventionnés, c’est l’administration de l’établissement qui détermine les tarifs.

Quelle différence entre les CHSLD publics et privés? Comme les établissements privés sont à but lucratif, la rentabilité impose ses conditions : d’une part, les tarifs plus élevés ; d’autre part, les économies réalisées au détriment des résidentEs. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous en termes de personnel disponible, de qualité de l’alimentation, par exemple. On connaît l’exemple de la résidence Herron de Dorval.

Le réseau scolaire

On connaît l’existence d’un réseau scolaire à trois niveaux : l’école ordinaire, l’école privée et l’école publique à programmes particuliers. Le mouvement L’école ensemble (fondé par des parents d’élèves en 2017) parle d’une ségrégation définie comme la séparation des enfants dans des écoles (ou des classes) différentes, en fonction du revenu de leurs parents et/ou de leurs résultats scolaires. Cette ségrégation empêche d’avoir une école équitable où l’égalité des chances est réelle.

La part de marché du privé subventionné au secondaire est passée de 5 % en 1970 à 20,5 % en 2020. Au lieu de se battre contre les privilèges du réseau privé subventionné, le réseau public a décidé de réagir à cet écrémage en allant concurrencer l’école privée subventionnée sur son terrain : celui de la sélection. Un réseau public sélectif a ainsi été mis sur pied à la fin des années 1980 (écoles internationales, sportives, alternatives, etc.), toutes des écoles qui ont acquis le droit de refuser des élèves. La part de marché du public sélectif est estimée au secondaire à au moins 20 %.

Les élèves qui n’ont pas accès aux réseaux privé subventionné ou public sélectif se retrouvent dans un troisième réseau, le réseau public ordinaire, où les élèves défavorisés et en difficulté sont surreprésentés.

Or avec plus de 41 % de ségrégation scolaire au Québec (au secondaire : 21 % d’enfants choisis par le privé et au moins 20 % d’enfants triés par les écoles publiques sélectives), il ne faut pas se surprendre des conséquences éducatives, sociales et économiques de cette séparation physique entre enfants privilégiés et infortunés. On sait, notamment, qu’un quart des élèves du secondaire public ordinaire décrochent.

Un choix de société à promouvoir : : une école commune, équitable, et efficace. À ce sujet, l’éditorial de Marie-Andrée Chouinard dans Le Devoir du lundi 26 septembre, La priorité égarée, est éloquente.

Les services de santé

Depuis 1970, toutes les Québécoises et tous les Québécois bénéficient d’un régime d’assurance maladie qui leur permet d’avoir accès à des soins de santé gratuits y compris au service d’hospitalisation. En dépit de cette loi d’accessibilité universelle, le secteur privé accapare actuellement 25% de l’ensemble des dépenses consacrées à la santé des QuébécoisEs.

Les services médicaux de première ligne (la médecine de famille) sont en bonne partie entre les mains du secteur privé. En effet, bien que les médecins soient rémunérés à même les fonds publics, ils ne sont pas des salariés de l’État comme les autres travailleuses et travailleurs du réseau socio sanitaire. Une majorité de médecins de famille sont plutôt de petits entrepreneurs de la santé qui pratiquent dans des cliniques privées ou dans des groupes de médecine de famille (GMF) qui sont aussi, pour la plupart, des entreprises privées.

Le gouvernement a créé, en 1971, les centres locaux de services communautaires (CLSC). Ce réseau de cliniques publiques visait à offrir la gamme complète des services médicaux, sanitaires, sociaux et communautaires courants. Il s’agissait là d’une première tentative de nationaliser les services de première ligne au Québec. Refusant d’intégrer les CLSC et de perdre leur statut d’entrepreneurs pour devenir des salariés de l’État, la plupart des médecins ont réagi en développant un réseau de polycliniques privées parallèle à celui du système public. Souvent, le personnel qui y travaille provient du réseau public, ce qui aggrave la pénurie dans celui-ci.

Pour sa part, François Legault affirme: «Je dirais qu’à peu près 80% des solutions pour améliorer le système de santé, ça passe par le public, mais il y a un 20%, à peu près, qui passe par le privé.»

Selon Guillaume Hébert, chercheur de l’IRIS (l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques), «La privatisation du réseau de la santé signifie que les ménages moins fortunés risquent d’être privés des soins et des services dont ils ont besoin pour demeurer en santé ». On le comprend, les cliniques privées ne cherchent pas tant des personnes à soigner; elles cherchent d’abord et avant tout des occasions d’affaires lucratives. Le privé s’intéressera donc aux cas plus simples et aux patients plus jeunes, laissant les personnes aînées ou les cas complexes sur les listes d’attente des hôpitaux publics.

La croissance d’un réseau privé parallèle risque de drainer les ressources humaines déjà critiques des établissements publics et d’amplifier la pénurie de personnel. On peut se demander si c’est une bonne solution pour désengorger et revigorer notre système de santé public ?

Les promesses électorales (en bref)1

En service de garde

PQ: une place subventionnée pour chaque enfant

PCQ: prix augmenté pour une place en garderie privée subventionnée ou en CPE. Bons de 200 $ par semaine aux parents pour la garde des enfants.

CAQ: accès pour chaque enfant à une place à contribution réduite (8,70 $ par jour) d’ici 5 ans. Conversion des 56 000 places actuellement dans le réseau des garderies privées non subventionnées en places subventionnées.

PLQ: une place dans un service de garde à tous les enfants d’ici 5 ans par la création de 15 000 places de plus que prévu. Toutes les places non subventionnées seront transformées en places subventionnées.

QS: conversion des garderies privées non subventionnées en CPE

En soins aux personnes aînées

PQ: plafonnement des prix des soins et services en résidence PCQ: pas de promesse à ce sujet

CAQ: rénovation des CHSLD vétustes et offre de repas de meilleure qualité. Poursuite de l’ouverture des maisons des aînéEs

PLQ: mise en place des ratios personnel/patients sécuritaires dans tous les CHSLD QS: nationalisation des CHSLD privés

En éducation

PQ: retrait graduel des subventions accordées aux écoles privées et abolition de la sélection en fonction des notes et du revenu

PCQ: accent sur les programmes particuliers et création de classes pour les élèves de haut niveau.

CAQ: mise en place d’un dossier numérique personnalisé qui suivrait chaque élève pendant son parcours scolaire.

PLQ: conversion progressive des établissements privés qui le souhaitent en écoles publiques. Accès gratuit à un projet pédagogique particulier dans les écoles publiques.

QS: élimination du financement public des écoles privées et conversion des établissements privés qui le souhaitent en écoles publiques.

En santé

PQ: retour des CLSC comme porte d'entrée du système

PCQ: délai de 90 jours d'attente pour voir un spécialiste ou obtenir une chirurgie non urgente.

CAQ: offre à toute personne d’une consultation avec un professionnel de la santé en moins de 36 heures PLQ: promesse d’un médecin de famille pour chaque Québécois. Davantage d'ententes avec des cliniques privées seraient conclues pour réduire l'attente pour les examens diagnostics et chirurgies.

QS: promesse d’un réseau de CLSC ouverts 24 h sur 24, 7 jours sur 7 partout au Québec. – Réduction du nombre de chirurgies au privé.

Nos choix préférentiels

Et nous, comme électrices, si nous n’avons pas exercé par anticipation notre droit de vote, quelles valeurs présideront à notre choix ? La quête du bien commun nous orientera sans doute vers davantage de public plus égalitaire, plus équitable. Quel parti rejoint davantage nos valeurs de solidarité sociale ?


La CQMMF

La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes a tenu son assemblée générale annuelle le 29 août dernier. Elle y a notamment adopté son plan de travail 2022-2023 et formé son comité de coordination qui passe de onze à sept membres.

Le plan de travail comporte les priorités suivantes:

Développer la recherche de financement pour permettre l’embauche d’une coordonnatrice et d’une responsable aux communications

Élaborer un plan d’intervention pour poursuivre l'enracinement des revendications, notamment en interpellant les décideurs politiques

Mobiliser les groupes à poser des actions aux dates symboliques, 17 octobre et 6 décembre et du 8 mars

Renforcer la formation politique en priorisant particulièrement la solidarité internationale et les enjeux de la justice climatique et environnementale

La journée retenue spécifiquement est celle du 24 avril, journée de commémoration de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, les autres journées de mobilisation féministe étant portées par d’autres organisations. Et c'est un choix de portée plus internationale.


Le FRAPRU

À notre assemblée générale du 30 avril dernier, les membres participantes ont pointé la problématique du logement comme l’un des enjeux à prioriser. Comme suite à cette suggestion, le comité exécutif a pris la décision que le Groupe Solidarité Justice devienne membre associé au FRAPRU (le Front d’action populaire en réaménagement urbain). Notre demande d’adhésion à ce titre a été acheminée et elle sera présentée lors de leur prochaine Assemblée générale, les 17 et 18 novembre prochains. On nous dit que c’est une formalité à laquelle tiennent les membres.