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Nouvelles du Groupe Solidarité Justice 27 mars 2023

Solides et solidaires

Entre la réalité du sens du dessus et la réalité du sens du dessous (sens dessus dessous) il doit bien exister un sens du dedans…

Nous avons déjà brossé un tableau sombre mais non exhaustif des bouleversements qui agitent notre planète et qui nous inquiètent parfois. D’un côté ou d’un autre, chaque personne cherche à s’expliquer le désordre réel ou apparent de notre époque. L’analyse sociale nous éclaire et nous aide à trouver des liens qui se font écho, provenant du dessous obscur vers le dessus que nous subissons.

Nous ne pouvons pas tout comprendre mais nous essayons de discerner ce qui donne du sens à notre vie. Nous n’avons pas beaucoup de prise sur ce qui se passe ni au-dessous ni au-dessus, mais nous avons prise sur ce que nous vivons dans ce contexte mouvant et stimulant. Nous avons la chance d’examiner nos certitudes pour ne pas nous laisser freiner et d’encourager nos incertitudes à développer tolérance et ouverture. Ce passage au profond dedans nous conduit, pas à pas, sur un chemin d’humilité. Nous avons expérimenté nos forces et nos faiblesses, nos certitudes et nos questionnements et nous savons que nos vies se jouent sur fond d’ombre et de lumière.

Il nous reste l’option de vivre en recherchant constamment le sens des changements qui secouent la planète et toute notre société.

Lors de son voyage en Irak, le pape François nous exhortait à «regarder le ciel tout en marchant sur la terre». Savoir où l’on met les pieds aide la tête à discerner.

En suivant la route avec d’autres marcheuses et d’autres marcheurs en quête de sens, nous tissons des liens de solidarité qui nous aident à nous tenir debout.

Pas à pas, main avec la main de l’autre, nous bâtissons la maison commune. Ensemble dans ce projet de société juste et égalitaire, nous participons réellement à faire venir la paix sur cette terre. Debout, solides, sur nos deux jambes ou dans notre tête ou avec notre cœur, nous donnons corps à la solidarité.

Dans cette perspective positive, dans ce jeu d’ombre et de lumière dont notre vie témoigne, souhaitons-nous un beau printemps de renouveau !

En toute solidarité,

Denise Brunelle


Regards sur un enjeu majeur : à propos des migrants

Quelques faits

Au mois de janvier, en première page du Journal de Montréal, on présentait une famille d’origine française installée depuis deux ans au Québec et menacée d’expulsion par Immigration Canada.

«Ottawa veut expulser ces immigrants parfaits», titrait-on. Cette famille de trois enfants rêvait de se bâtir une nouvelle vie au Québec. Les parcours migratoires interrompus sont d’une cruauté absurde (A. Lanctôt, Le Devoir 27 janvier 2023)

Il y a quelques mois, un enfant avait été admis à l’unité de soins intensifs pédiatriques de l’hôpital Ste-Justine pour le traitement d’un cancer rare. Plusieurs années auparavant, ses deux parents avaient revendiqué le statut de réfugié, la demande de la mère a été acceptée, mais pas celle du père. La famille est retournée vers son pays d’origine, malgré les risques que cela comportait.

Le diagnostic tombé, il n’y avait pas d’options de traitement efficace disponibles. La mère a donc décidé de revenir ici pour soigner son fils, un citoyen canadien. Les équipes traitantes ont fait tout leur possible pour sauver l’enfant, y compris une intervention chirurgicale risquée. Il est toutefois décédé quelques semaines plus tard.

Témoignage d’une immigrante – Cela n’a pas été facile de redémarrer une vie de mère de famille monoparentale dans un nouveau pays, mais le Québec a été pour moi une destination de rêve, et je suis reconnaissante de l’accueil dont j’ai bénéficié. J’ai toujours trouvé injustes les accusations de racisme et d’islamophobie dont les Québécois sont la cible. Je me sens plus respectée au Québec que je ne l’étais dans mon pays d’origine. C’est ici que je me suis sentie citoyenne à part entière, libre de mener ma vie comme je l’entendais, sans jugement, et j’ai le sentiment d’avoir bénéficié de l’égalité des chances.

Comme quoi, il y a des histoires heureuses et des histoires tragiques qui disent d’une part, la qualité de l’accueil des migrantes et des migrants chez nous et, d’autre part, le caractère qui peut être arbitraire et méprisant du système canadien d’immigration.

Le cas troublant des travailleurs étrangers temporaires et des demandeurs d’asile

La plupart des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires, notamment dans le milieu agricole, vivent des conditions de vie et de travail intolérables. Des journées de 16 à 18 heures de travail épuisant, sans congé même en fin de semaine, à très bas salaire et sous la dépendance d’un employeur auquel la personne est absolument liée. Ces personnes vivent dans des conditions de logement indécentes, entassées et avec des installations précaires et insuffisantes. Ce sont des travailleuses et des travailleurs à rabais qui vivent sous un régime d’esclavage moderne. Certaines et certains, qui osent prendre la parole, témoignent de la force et du courage qu’il faut pour tenir le coup.

Les demandeurs d’asile, pour leur part, qui sont en recherche d’emploi, sont la proie des agences de placement autorisées ou clandestines (il y en aurait 1500 au Québec). Tôt le matin, elles et ils sont embarqués dans des autobus sans savoir où ils et elles vont aller. On les dépose soit dans des champs, soit dans des entrepôts, soit dans des établissements de santé, notamment. Des journées interminables leur rendent inaccessible l’apprentissage du français qui leur permettrait l’accès à la résidence permanente, selon leur souhait le plus cher.

Dans un cas comme dans l’autre, les personnes sont à haut risque d’accidents de travail et de séquelles graves, sans avoir accès aux protections normalement reconnues par nos lois du travail. Les travailleuses et les travailleurs temporaires sont alors exposés à être retournés dans leur propre pays sans dédommagement.

Ces travailleuses et travailleurs, dits «essentiels» par l’industrie peuvent travailler ici pendant plusieurs années sans avoir accès à la résidence permanente. Le cumul des permis temporaires les pousse à vendre leur force de travail à rabais tout en étant exclus de l’immigration permanente. Elles et ils y auraient droit, mais un système « dysfonctionnel » rend les conditions d’accès quasi insurmontables. Les exigences et la longueur de traitement des dossiers (jusqu’à deux ans et plus) les exposent à des refus, voire à l’expulsion.

Par exemple, durant la fin de semaine du 18 mars, une dizaine de migrants sans papiers ont établi un campement temporaire au centre-ville de Montréal pour exiger un «statut pour tous» de la part du gouvernement fédéral.

Tout n’est pas noir

Des personnes ont besoin de nous et nous avons besoin d’elles. D’une part, nous avons besoin de bras et de cerveaux pour accomplir des tâches essentielles. D’autre part, des êtres humains qui viennent d’ailleurs ont des besoins, des ambitions, des rêves. Ils se déplacent pour fuir un conflit, des persécutions, le terrorisme ou des violations des droits humains. Ils espèrent trouver ici un travail et y installer leurs familles. Il importe que leurs compétences soient reconnues, par les ordres professionnels par exemple, afin que leur intégration en emploi s’accomplisse dans la dignité.

Un programme d’aide à l’intégration des personnes immigrantes et des minorités visibles en emploi offert par Emploi Québec incite les PME québécoises à embaucher des travailleurs immigrants pour combler leurs besoins en main d’œuvre et soutenir l’intégration et l’accueil dans leur milieu de travail.

La société d’accueil est généralement bienveillante. En témoignent des personnes migrantes bien intégrées, heureuses et s’identifiant comme des nôtres. Ce n’est pas la société qui leur fait obstacle, c’est un système avec des paliers de gouvernement qui, s’opposant, créent des obstacles à l’acceptation des nouvelles et nouveaux venus. Le parrainage a, pour sa part, heureusement contribué à l’accueil et à l’intégration notamment de nombreux réfugiés.

Des organismes d’aide s’activent à défendre les droits des personnes migrantes. Pensons à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, au Comité d’action des personnes sans statut, à Solidarité sans frontières, au Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec. Ce dernier se porte à la défense de droits des travailleuses et travailleurs migrants temporaires et leur offre des services d’accompagnement en matière d’immigration, de santé, d’éducation ou de francisation aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec.

Que faut-il comprendre?

Nous ne voulons certes pas développer ici une société à deux vitesses. Nous sommes appelées à considérer l’immigration comme une force qui fait grandir la société québécoise, qui fait partie de notre avenir collectif. La conjugaison des cultures est une richesse indéniable en autant qu’elle se réalise dans la compréhension et le respect réciproques.

Qu’en est-il de la fermeture du chemin Roxham? Est-ce une bonne nouvelle?

Une catastrophe humanitaire, selon La Presse. «On est sous le choc», y résume Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, pensant au refoulement des demandeurs d’asile au Canada.

«Il y aura donc potentiellement plus de drames à la frontière», déplore Mme Gracia-Turgeon, directrice générale de Foyer du monde. «Il est très possible que les gens essaient de traverser en utilisant des endroits plus cachés et se retrouver coincés dans les bois pendant des jours et même y perdre la vie», a déclaré Mme Turgeon en entrevue. (Le Devoir, 27 mars)

Pour Frantz André, membre du Comité d’action des personnes sans statut, les personnes qui traversent la frontière par le chemin Roxham ne sont pas que des chiffres, renchérit M. André. «Ce sont des humains avant tout qui viennent pour contribuer [à la société]. Ce sont des gens qui n’ont pas besoin d’être traumatisés à la frontière.»

Loin des discours politiques et du bruit médiatique que cette question génère, pour sa part le Service jésuite aux réfugiés souhaite mettre l’être humain, son besoin de protection et de sécurité, au cœur du débat : «Pour nous, accompagner un demandeur d’asile, c’est prendre conscience de l’humanité commune qui nous habite tous.»

Quelques références

Le documentaire Essentiels, réalisé par Ky Vy Le Duc présenté à-Télé-Québec le 25 janvier

Le dossier sur le virage de l’immigration de Sarah Champagne publié dans Le Devoir, le 21 janvier

La chronique d’Aurélie Lanctôt, «Les parfaits et les essentiels» parue dans Le Devoir du 27 janvier.


Nouvelles de la CQMMF

La Coordination du Québec de la Marche mondiale a tenu une assemblée générale, le 13 mars dernier, en formule hybride, en présence et en ligne; une quarantaine de membres ont participé à cette assemblée dont deux déléguées du Groupe Solidarité Justice, Violaine Paradis et Céline Beaulieu. Les participantes représentaient les différentes régions du Québec et un nombre significatif d’organismes nationaux membres du réseau.

Une présentation magistrale sur la conjoncture internationale a présenté les femmes féministes de la planète en résistance contre les systèmes d’oppression : capitalisme, colonialisme, patriarcat, des systèmes qui font grandir l’insécurité des femmes.

La CQMMF veut demeurer active entre chaque marche (La prochaine sera en 2025). Le contenu des revendications a besoin d’être actualisé. La CQMMF s’oriente résolument vers ce qui lui est spécifique : la solidarité internationale.

Résidence Mont-Carmel

Non seulement le comité des résident.e.s de Mont-Carmel défend-il sa propre cause, il appuie la résistance et la lutte courageuse menée par des aîné.e.s pour conserver le logement qu’ils occupent depuis de nombreuses années dans un immeuble à logements du boulevard Deguire dans Ville St-Laurent.

Il s’oppose à la façon brutale et aux moyens douteux de mettre dehors les résident.e.s de plusieurs autres résidences au Québec et exige une investigation de la part des autorités gouvernementales.