Nouvelles du Groupe Solidarité Justice
Sens dessus dessous… le monde est à l’envers!
Nous n’avons pas encore épuisé la liste d’envoi de nos souhaits des fêtes: Bonne Année, Paix sur terre, la Santé et le Paradis, que les plaintes recommencent. La température se tourmente, elle ne sait plus si c’est l’automne ou l’hiver. Les feux profitent de la sécheresse et les inondations engloutissent terres et populations. Les bulletins de nouvelles ne se privent pas de nous présenter les massacres et les guerres de tant de pays du monde. La pandémie ne finit pas de finir et donne la marche à suivre à tous ses descendants. Tout le monde est atteint de la «peste moderne». Nos services publics glissent lentement mais sûrement vers la protection d’actionnaires peu enclins au partage ou au bien commun. La religion s’étiole et les personnes oublient leurs pratiques ancestrales. Les enfants ignorants sont rois et gouvernent leurs parents tel que le constatait Aristote en son temps. L’inflation contribue à la hausse du prix des logements et à leur rareté programmée. Le fossé entre les riches et les pauvres s’accroît de plus en plus. Les révolutionnaires populaires dénoncent leurs dirigeants et les confrontent brutalement. La montée des radicalismes embrouille le jugement par le fanatisme de leurs positions. La situation est telle que même «notre reine» a décidé de partir. Elle nous a quittés sans que nous puissions lui faire un dernier serment!
Oui, ça va mal, le monde est à l’envers: sens dessus dessous!
Mais s’il y a du désordre dessus, c’est peut-être qu’on néglige le dessous… La terre sait comment tourner et elle tournera sans doute après nous !
Ce concentré de réactions épidermiques appelle sérieusement à une descente en profondeur pour essayer de comprendre par le dessous ce qui se passe au-dessus. Cet exercice contribue à protéger notre équilibre et la santé de notre jugement en même temps qu’elle ralentit l’enlisement dans les ornières de nos certitudes. Ce modeste édito ne vise pas à tout éclairer le dessus de notre monde, mais à nous convaincre de la nécessité d’une analyse sociale continue pour éviter le piège de la répétition de phrases stéréotypées comme celles du paragraphe ci-dessus.
Le monde est beau et s’embellit sans cesse grâce à notre apport éclairé et à notre participation, dans et avec ce monde. Le Groupe Solidarité Justice veut contribuer à sa mesure pour qu’ensemble, bras dessus, bras dessous, nous nous souhaitions tous les jours et lucidement une Bonne Année, la Paix sur terre (par dessus, par dessous), une bonne santé et… le paradis!
Denise Brunelle, CND
Regard sur un enjeu majeur: la montée de la droite
«Je ne suis pas raciste.»
«Avec les gouvernements qu’on a, on est en train de se noyer dans plein d’autres cultures.
Même les Québécois, on va tout perdre là.»
Tels sont des extraits de témoignages de membres de groupes d’extrême droite québécois. Est-ce que j’ai déjà entendu ça? Est-ce que ça m’est aussi passé par la tête?
Des repères pour reconnaître ce courant
Si on se demandait ce qu’ont en commun Donald Trump, Jair Bolsonaro, le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier, le parti conservateur du Québec, le Convoi de la liberté, les groupes de Québec La Meute et Atalante qui se sont particulièrement manifestés au moment de la tuerie à la mosquée… La réponse facile est qu’ils font partie de ce qu’on appelle la droite, voire l’extrême droite.
À quoi les reconnaît-on? Ils diffusent de la propagande haineuse, profèrent des paroles à caractère xénophobe ou homophobe, posent des actes de vandalisme, heurtent leurs opposants et commettent des voies de fait.
Quelles sont leurs cibles? Les personnes et les groupes d’extrême droite sont animés de convictions anti-immigration, antimusulmanes, antisémites, et anti gouvernement. L’idéologie d’extrême droite intègre l’homophobie, l’hétérosexisme, le genrisme, la misogynie, le sexisme et le racisme. Les groupes de propagande haineuse et les responsables de crimes haineux s’en prennent à l’origine ethnique, visant surtout les personnes noires, à la religion, particulièrement l’islam, et à l’orientation sexuelle.
Quelles sont leurs valeurs? les valeurs suivantes sont considérées comme étant caractéristiques de la droite: la «libarté», l’autoritarisme, la loi et l‘ordre, la promotion du privé dans les services, l’hyper sécurité, le conservatisme social, le climato scepticisme, l’exploitation à outrance des ressources naturelles aux détriment de la santé écologique, l’accès aux armes à feu, le militarisme.
Un peu d’histoire
Des faits impliquant des individus ou des groupes sont frais à notre mémoire. Mentionnons la tuerie à la grande mosquée de Québec, il y a exactement 6 ans, en janvier 2017, et l’assaut du Capitole, à Washington, en janvier 2021. Ici même, au Québec, les activités de l’extrême droite ont connu une hausse fulgurante au cours de la dernière décennie. Le Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR) a recensé 521 événements de l’extrême droite au cours des 10 dernières années. Pour en arriver à ces résultats, les chercheurs ont fouillé minutieusement les médias sociaux qui sont devenus des espaces où circulent toutes sortes de théories fausses sur l’immigration, sur les musulmans ou l’islam notamment. Ils témoignent de la peur et de la méfiance envers les personnes migrantes lors de l’arrivée massive de personnes réfugiées en raison de conflits dans leurs propres pays.
Que faut-il comprendre?
Les thèses ethnocentristes et xénophobes propres à l’extrême droite pénètrent de plus en plus l’espace médiatique et politique, ici et ailleurs. La montée de la droite et de l’extrême droite accuse une résurgence des forces antidémocratiques. Il faut dire que diverses dynamiques sociopolitiques créent un contexte favorable à cette idéologie; mentionnons la montée en puissance du capitalisme financier et la croissance des inégalités sociales.
Une version actuelle de l’extrême droite prend la forme de ce qu’on appelle le populisme. Ses tenants prétendent parler au nom du «peuple» en s’attaquant aux institutions centrales du pouvoir politique. Le populisme se réclame de la «liberté individuelle» qui serait directement usurpée par le pouvoir politique de certaines élites. Il a tendance à attaquer les institutions, les élites, les contre-pouvoirs, comme les médias, et les intellectuels. Il simplifie à outrance les enjeux pour rallier le plus de gens possible. Il porte les germes de l’intolérance et du fanatisme. Il donne dans le subjectivisme.
En quoi ceci nous concerne-t-il?
En tant qu’auditrices des informations, lectrices des journaux et peut-être adeptes des réseaux sociaux, nous sommes exposées aux courants qui traversent notre société. Il se peut que nous subissions à notre insu des influences qui affectent notre compréhension de la réalité et le jugement que nous portons sur les personnes et les institutions. Il importe de développer un regard critique sur ce qui nourrit notre réflexion, de développer une vigilance constante par rapport aux valeurs qui nous sont proposées, de cultiver une pratique citoyenne axée sur l’accueil positif de la diversité.
Quelques références
La ligue des droits et libertés du Québec
À bâbord, no 85, automne 2020
Relations, mars-avril 2018
La Presse, 13 septembre 2022
Le Devoir, 26 janvier 2020
Marche de solidarité
Amnistie internationale Canada francophone invite à participer à la marche sous le thème FEMME VIE LIBERTÉ afin de dénoncer la répression sanglante dont sont victimes les Iraniennes et les Iraniens.
Quand? le samedi 4 février prochain à Montréal, à 13h.
Où? Au parc Jeanne Mance, à Montréal, devant la statue de George-Étienne Cartier. Fin de la marche? Place des Festivals
Mobilisation pour le logement social
Le FRAPRU appelle à une manifestation le jeudi 16 février, 13h30, à Québec, Rassemblement sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste. Le FRAPRU demande au gouvernement du Québec de prévoir, dans son prochain budget, une relance du programme Accès Logis, afin de financer 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans, autant sous forme de coopératives, d’OSBL d’habitation et de HLM.
Rassemblement Échec à la guerre
Au lendemain de l’anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine, le samedi 25 février 2023, à 14h, il y aura un rassemblement au Complexe Guy-Favreau à Montréal, 200 boulevard René-Lévesque ouest (métros Place-des-Arts ou Place d’Armes), pour exiger de réelles négociations en vue de trouver une solution politique à cet affrontement.
Pétition Équiterre
Parce qu’il faut exiger un vrai débat de société pour réfléchir collectivement à la manière dont nous souhaitons utiliser notre précieuse énergie verte, Équiterre a lancé une pétition qui demande au gouvernement d’inviter la population québécoise à participer à des consultations publiques sur l’avenir énergétique du Québec. Pour la signer, aller sur le site d’Équiterre; dans la section «Passer à l’action maintenant», cliquer sur l’encadrement «L’avenir énergétique nous appartient».
Dialogue social sur l’éducation
La coalition Parlons éducation initiée par les organismes Debout pour l’école, École ensemble, Je protège mon école publique et le Mouvement pour une école ouverte, tiendra, entre le 10 mars et le 2 juin prochain, des forums ouverts à tous dans 18 villes du Québec afin d’engager un «dialogue social». Les forums tiendront leurs assises à Montréal, Sept-Îles, Sherbrooke, Québec, Chicoutimi, Gatineau, Trois-Rivières, Rouyn-Noranda et Rimouski, entre autres. Ces consultations citoyennes s’attarderont à comment repenser la mission de l’école, comment construire un système d’éducation équitable et comment encourager l’inclusion sociale et culturelle.