Nouvelles du Groupe Solidarité Justice
À bien y penser
Fable de Ma Fontaine – Le bœuf et la grenouille
1658: Première école de Ville-Marie
1668: Première parution des Fables de Jean de Lafontaine
Mon propos n’est pas de réécrire l’histoire, encore moins, les Fables de Lafontaine, mais permettez-moi de vous offrir une petite fantaisie.
Marguerite Bourgeoys, première institutrice de Ville-Marie, avait une expérience en enseignement avant de traverser les mers. À Troyes en Champagne, elle réunissait les jeunes pour les instruire et cela, sans condition. Arrivée ici pour enseigner, elle avait probablement quelques ouvrages pédagogiques dans son baluchon.
Comme elle demeurait en communication avec son pays d’origine, elle a eu dix ans pour apprendre que les fables de Lafontaine existaient. L’histoire de la grenouille et du bœuf l’a certainement convaincue de la pertinence de l’utiliser comme moyen d’«éducation libératrice»! Alors la grenouille s’est acquis une réputation d’orgueilleuse, de tête enflée.
Étant donné que j’aime particulièrement la grenouille, j’ai opté pour discriminer le bœuf afin d’ajuster Ma fable. Et voici ce que ça donne pour aujourd’hui…
Le bœuf vit une grenouille qui lui sembla de petite taille et de mauvais teint.
B – Pourquoi restes-tu dans ce marais insalubre?
G -Tu ne connais rien gros Bœuf. Si je suis ici c’est que l’eau est potable.
B – Si tu mangeais comme moi tu n’aurais pas l’air si chétive.
G – Mais si je mangeais comme toi, je ne pourrais digérer tout ce que ta gourmandise enlève aux autres.
B – J’ai gagné ce que je mange et je fais vivre grassement mon propriétaire.
G – Pas si certaine que ça. Pour que tu sois en santé, il paye le gros prix pour te nourrir, te loger, te soigner.
B – C’est normal, je le fais vivre ce propriétaire et plus j’engraisse plus je lui rapporte.
G – Et plus le prix de ta chair augmente, plus tu gaspilles l’eau que je purifie.
G -Ton souci pour l’environnement que tu piétines toute la journée te tient loin des soucis qu’une famille ressent pour alimenter ses enfants.
B -Toi et tes petites cuisses chétives, tu penses que tu pourrais nourrir la planète?
G – Non parce que toi, tu vendrais mes cuisses dans une assiette dorée pour te vanter de nourrir ceux qui connaissent la bonne chair. Tu contribues à faire grimper l’inflation dans les aliments de base.
B – Essaie de t’enfler à mes dimensions et tu vaudras beaucoup moins cher.
G -Tes propos orgueilleux endurcissent ton cœur et tes regards de bœuf ne m’impressionnent pas.
B – C’est au gouvernement à donner à manger à sa population et non à toi petite créature verdâtre.
G -Bien moi, je vais continuer à purifier l’eau pour toutes et pour tous et même pour toi, car moi, je n’en bois pas, je laisse l’humidité me pénétrer et me régénérer.
B -Tu te vantes de vivre sobrement pour contrer la montée normale des prix? Tu t’enfles la tête au lieu de t’adapter aux conditions de la majorité. On ne vit plus dans l’ancien temps! Cesse de croasser!
G – Mauvais bovin, ta suffisance me répugne tu mériterais que je te coupe l’eau…
La morale de cette histoire :
Si tu veux casser une vieille habitude, tu n’as qu’à changer l’ordre des mots.
Si tu veux discuter du sens du message, alors tu peux le faire dans la bonne humeur!
Denise Brunelle, CND, sérieusement fabuliste
Regard sur un enjeu majeur : l’inflation
Quelques aphorismes
- L’inflation fait mal aux Québécoises et aux Québécois. Et pas qu’à leur portefeuille. L’inflation frappe plus durement les moins nantis.
- Les ménages vulnérables sont durement touchés par la hausse du coût de la vie. Un jeune sur trois qui vit en insécurité alimentaire va être un décrocheur.
- Un agriculteur sur dix prévoit mettre la clé sous la porte.
- L’augmentation du coût de la vie se traduit par une hausse d’abandon d’animaux dans les refuges
Pendant ce temps…
- Les trois grandes chaînes d’alimentation affichent des produits beaucoup plus élevés que durant les cinq dernières années.
L’inflation, ça touche qui?
Les familles vulnérables
Les inégalités de revenus se sont accrues au premier trimestre de 2023 par rapport à l’an dernier. Statistique Canada indique que «l’écart entre les riches et les pauvres se creuse au rythme le plus élevé jamais enregistré». Et les jeunes familles sont particulièrement touchées, La valeur nette moyenne des ménages de moins de 35 ans a diminué de 8,7% sur un an.
Un récent sondage de l’Observatoire des tout-petits révèle qu’un parent sur trois vit un stress élevé par rapport à sa situation d’habitation et que deux parents sur cinq craignent de ne pas pouvoir boucler leurs fins de mois et payer leurs factures. Cette proportion est encore plus grande chez les familles monoparentales.
Les familles avec des enfants d’âge scolaire
L’augmentation du coût de la vie touche de nombreuses familles au moment de la rentrée scolaire. Juste au niveau des sacs à dos, il y a 17% d’augmentation. Au niveau des fournitures scolaires c’est 18% d’augmentation.
Les personnes en besoin de soins de santé
Par exemple, de plus en plus de femmes enceintes souffrent d’anémie: elles peinent à bien s’alimenter en raison de la hausse du coût de la vie. La flambée des prix des aliments retient aussi des patients de l’Institut de cardiologie de Montréal d’adopter la diète méditerranéenne, à forte teneur en fruits et légumes.
Les agriculteurs
Les agriculteurs sont particulièrement affectés par l’inflation, si bien que 11 % d’entre eux prévoient arrêter ou fermer leur entreprise, selon un sondage réalisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA). L’augmentation du coût des intrants de production, comme les engrais, le carburant et les semences, a été presque trois fois supérieure à l’inflation (28 % entre janvier 2020 et septembre 2022), selon l’UPA. On comprendra l’impact sur le garde-manger des Québécoises et des Québécois.
Selon le coup de sonde réalisé par l’UPA, 20 % des entreprises agricoles ont actuellement une mauvaise ou une très mauvaise santé financière.
Les marques de l’inflation
Au plan du logement
Le prix des loyers a explosé de 13,7% au Québec en seulement une année, soit la plus importante hausse depuis quatre ans, selon les données compilées par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
Au plan de l’alimentation
L’inflation touche principalement le coût des aliments de base, comme les céréales et les produits laitiers. Par conséquent, l’accès à un revenu suffisant devient littéralement une question de pain et de beurre. … inabordable pour une personne ne disposant que de la garantie de revenu minimale, soit l’aide sociale de base.
Ainsi, pour leur alimentation, l’inflation continue de pousser les consommateurs et consommatrices dans les bras de Dollarama, qui augmente ses revenus de plus de 20%.
D’où la question cruciale : payer son épicerie ou payer son loyer?
Besoins et revenu
Selon l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques), le panier de consommation se décrit comme suit:
une alimentation nutritive, selon le Guide alimentaire canadien;
un panier de vêtements et de chaussures nécessaires pour la famille;
un logement chauffé et éclairé basé sur le coût médian des logements locatifs de trois chambres à coucher en tenant compte de la présence ou non d’une hypothèque pour les propriétaires;
des frais de transport en commun là où il est disponible plus un aller-retour mensuel en taxi, et une automobile modeste et d’occasion de sept ans ailleurs, avec des frais modestes d’assurance, d’essence et d’entretien;
d’autres biens et services de base
Or, vivre sans pauvreté ne signifie pas uniquement couvrir ses besoins de base (mesure du panier de consommation). Dans son avis de 2009, le CEPE (Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion) a rappelé que, selon la définition donnée par la loi québécoise, on doit aussi disposer «des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique ou pour favoriser son intégration et sa participation à la société».
Le CEPE a établi en 2010 qu’il fallait ajouter 7% en moyenne à la MPC. On parle alors de revenu viable.
Comment se sortir de cette crise?
Une lectrice du Devoir pose au premier ministre François Legault la question suivante: Quel est le bouclier anti-inflation que vous avez à proposer à ces personnes (affectées par l’inflation) pour qu’elles envisagent enfin la vie sous un meilleur jour et que leur santé physique et mentale aille mieux? (Le Devoir, 5 avril 2023)
Ce serait toute la chaîne de l’alimentation qu’il faudrait mieux structurer et valoriser si on veut retrouver un panier de denrées plus conséquent avec nos portefeuilles. Et une politique d’habitation ambitieuse comme le revendique le FRAPRU.
Références
Le Devoir – Les données de ce dossier ont été glanées dans Le Devoir entre mars et septembre 2023. IRIS – Le revenu viable 2023: dans la spirale de l’inflation et des baisses d’impôt.
Céline Beaulieu, CND
Campagne automne 2023 de Développement et Paix
SOLIDAIRES POUR LA TERRE
Développement et Paix propose un appui aux communautés du Honduras dont l’eau et le territoire sont menacés par l’exploitation d’une mine de fer à ciel ouvert dans un parc national au nord du pays.
L’appui peut s’exprimer en ligne à dev.org/campagnes/ressources ou par la signature de la pétition ci-jointe.
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
À son assemblée du 29 août à laquelle ont participé sœur Violaine Paradis et sœur Céline Beaulieu, la CQMMF s’est donné un excellent temps de formation sur l’éducation populaire féministe afin qu’ensemble, en mouvement, soit construit un féminisme anticapitaliste et antiraciste.
La Coordination s’est donné un plan d’action dont l’un des axes majeurs est de maintenir les liens avec le mouvement international de la Marche mondiale des femmes.
C’est dans cette perspective que trois déléguées participeront à la 13e rencontre internationale, du 6 au 13 octobre à Ankara en Turquie.
Mois du commerce équitable
À partir de 2023, le mois du commerce équitable se tiendra en octobre ! Les organisations du mouvement équitable partout sur la planète y célèbrent le commerce équitable à travers des activités de mobilisation et de sensibilisation afin de promouvoir la consommation responsable et la solidarité envers les petits producteurs du Sud.
Bel automne !
Que la moisson des gestes de bienveillance abonde !
De la part du comité exécutif