Nouvelles du Groupe Solidarité Justice
La DÉMOCRATIE: les mots pour LA dire !
Il paraît que la planète est en danger, que les forêts sont dévastées, que les rivières se dessèchent, que les températures sont déréglées, que les pays sont en guerre, que les pauvres sont plus pauvres et les riches, plus riches, que la génération actuelle ne veut plus d’enfants pour leur éviter les catastrophes futures. Mais heureusement nous, nous sommes en paix et en sécurité ! Les personnes condamnées à l’errance viennent frapper à nos frontières pour vivre avec nous dans la prospérité de notre pays sécuritaire et démocratique.
Et pourtant, les mêmes bulletins de nouvelles nous parlent de la corruption de nos gouvernements, de la hausse des impôts, de l’inégalité des chances pour toutes et pour tous, des dépenses insensées, de la désaffection de la chose publique, de nos écoles sous-financées, de notre système de santé malade, de notre jeunesse désabusée et quoi encore! Sommes-nous en déclin de démocratie ou aveuglés par l’information qui dénigre régulièrement la réalité de notre vivre-ensemble? Sommes-nous face à l’arbre qui cache la forêt?
Examinons les mots utilisés quand nous parlons démocratie. Les mots sont souvent la source de nos maux et l’usure de nos mots peut entraîner un glissement de sens qui change les perspectives. Il y a les mots qui interpellent et les mots qui écrasent, les mots qui éclairent et les demi-mots qui embrouillent, il y a les mots qui tuent et les mots qui créent. Il y a des mots qui unissent et des mots qui divisent.
La Grèce antique éveillait à la responsabilité de chaque individu dans ses mots, nous la traduisons dans nos propres mots en parlant de Bien Commun. La démocratie née des siècles avant nous s’est développée sans perdre ce sens profond du «pour le peuple et par le peuple». Nous ne pouvons pas séparer ces deux mots sans perdre ce trésor dont nous sommes redevables.
La démocratie que nous connaissons est fragile si elle sert des intérêts personnels mais si forte lorsqu’un projet commun nous rassemble. Nous sommes exigeants pour nos élu.es et si rapides à la critique. Pouvons-nous nous croire sincèrement en démocratie si nous fuyons cet appel au service qui enrichit notre société ?
Il y a des mots assassins qui tuent lentement mais sûrement. Les assauts incessants contre nos gouvernements peuvent avoir des conséquences mortifères si nous n’avons pas d’alternative à proposer. Le danger qui nous guette en répétant des slogans dévastateurs, c’est de gruger par la base le système qu’on louange par ailleurs. Le déplacement de nos gouvernements vers la droite est à questionner au sujet de la démocratie. Mais… il faut beaucoup d’amour pour critiquer!
Les mots d’amour! Notre société en a besoin. Elle a besoin qu’on s’occupe d’elle, qu’on la cajole, qu’on la remercie ! Nous sommes encore en démocratie!
Denise Brunelle, CND
Coup d’œil sur l’exécutif
À sa réunion du 13 septembre dernier, les membres du comité exécutif ont échangé à partir d’une lettre ouverte de Robert Campeau, «Fabriquer de l’espoir malgré tout» publiée dans «Le Devoir», le 21 octobre 2023 dans le contexte de l’attaque du Hamas en Israël. L’auteur y affirmait que ce qui a été attaqué, ici, c’est notre humanité profonde.
Lors de cette même rencontre, nous avons eu une conversation sur la démocratie à partir de l’affirmation de Josée: «J’ai mal à ma démocratie.» Cet échange préparait le terrain en vue du dossier du présent numéro de l’Heure juste.
Et nous avons accueilli comme nouvelle membre une sympathisante de longue date, Sonia. Les habituées de nos assemblées générales se souviendront de sa présence avec des produits équitables durant plusieurs années consécutives
Dans le contexte de la 13e campagne du coquelicot blanc menée par le Collectif Échec à la guerre, nous avons signé, au nom du Groupe Solidarité Justice, la déclaration Personne ne peut gagner. Russie, Ukraine, OTAN: NÉGOCIEZ!
REGARD SUR UN ENJEU MAJEUR: LA DÉMOCRATIE
Qui mène le monde? Qu’en est-il de la démocratie?
La démocratie serait le meilleur régime politique ou « la moins mauvaise forme de gouvernance». La démocratie est le seul régime politique qui a largué des bombes atomiques. Sur des villes. Aux États-Unis, l’insurrection au Capitole a tenté de renverser la décision des urnes. Israël serait la seule démocratie libérale et séculière au Moyen-Orient! Pouvons-nous croire en la démocratie?
La démocratie a de longues racines
La démocratie prend ses racines principales dans les réformes engagées autour de la cité d’Athènes dans la Grèce antique autour du cinquième siècle avant notre ère, avec Périclès qui ouvre la vie politique à tous les citoyens athéniens. Il faut bien dire «les citoyens» puisque les femmes, comme les esclaves, n’avaient pas de droit politique. Pour les initiateurs du système démocratique, le seul vrai parti est le bien commun. Selon Aristote, le principe fondamental de la démocratie est la liberté et une des marques de la liberté est d’être tour à tour gouverné et gouvernant.
L’histoire ne le dit pas, du moins pas assez, les racines de la démocratie plongent plus avant. Selon le politicologue français Dominique Reynié, il existerait des formes démocratiques d’organisation humaine depuis toujours, soit dans l’Afrique précoloniale et dans l’Amérique précolombienne. Car la démocratie serait un modèle anthropologique. Ce serait une proposition fort antérieure à la démocratie que nous connaissons.
Notre propre régime démocratique est enraciné dans le parlementarisme britannique. Le premier Parlement d’Angleterre est élu en 1265. Et la convocation du Parlement dépend du bon vouloir du roi ou de la reine (le plus souvent lorsque celui ou celle-ci a besoin d’argent). Ici, tant au Québec qu’au Canada, ce régime résiste à une nécessaire transformation. Alors que le contexte multi partisan exigerait une modification du mode de scrutin, toute tentative en ce sens est mise en échec. Ce qui s’explique par le fait que les partis priorisent la recherche du pouvoir aux dépens de l’intérêt de la population.
Essai de définition
La démocratie est un régime politique fondé sur le principe que la souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens et citoyennes, soit directement (par des référendums) soit indirectement par l’intermédiaire de ses représentantEs élus lors d’élections au suffrage universel à périodes déterminées. La démocratie exige que les grandes libertés soient reconnues: liberté d’association, liberté d’expression et liberté de presse.
« La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.» (Abraham Lincoln)
Les principaux critères de la démocratie sont les suivants : la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), la souveraineté du peuple, l’élection des représentants, la coexistence de plusieurs partis politiques, l’égalité des droits et le respect des libertés (d’expression, d’association, etc.).
La démocratie s’oppose à l’autocratie qui prend les formes notamment de la monarchie ou de la dictature ou de toutes les formes de pouvoir où la majorité est exclue du processus décisionnel (régimes autoritaire et totalitaire) souvent avec l’appui des forces militaires. Les modèles autoritaires les plus connus seraient la Russie et la Chine. L’absence d’un processus démocratique permet aux autocrates d’être non redevables vis-à-vis du public. Cela les rend plus susceptibles de servir leurs propres intérêts politiques.
Crise des démocraties
La démocratie serait un modèle en péril selon le politicologue Dominique Reynié
(La démocratie : un modèle en péril – Une Leçon de géopolitique du Dessous des cartes | ARTE).
La démocratie est attaquée à l’échelle du monde par des systèmes qui reposent sur un principe d’autorité absolue, de répression, de contrôle. Il y a, depuis la globalisation, un monde non démocratique prospère et puissant dans lequel le contrôle des espaces publics est passé des élus à des entreprises, de telle sorte que nos états seraient devenus impuissants. Des forces se mettent en action pour faire tomber les démocraties; tel serait, entre autres, la motivation profonde de l’intervention militaire de la Russie en Ukraine.
Ici, tant au Québec qu’au Canada, la collusion entre les gouvernements et des entreprises gourmandes crée l’incohérence entre les valeurs promues et les choix politiques. L’exemple du soutien fédéral aux compagnies pétrolières et gazières qui contredit les objectifs environnementaux de réduction des gaz à effet de serre est flagrant. Plus près de nous, le feu vert donné à des entreprises à l’encontre de la protection de la biodiversité n’est pas moins préoccupant. Semblable incohérence est aussi manifeste par rapport aux priorités dans les dépenses publiques.
Encore selon Reynié, il y a ce que la technologie a changé dans le fonctionnement de la démocratie. C’est tout l’espace dans lequel sont incluses la délibération, la discussion, l’information, la circulation des nouvelles, les candidatures, les débats entre les citoyens, les conversations qui est perturbé. On reconnaît ici, par exemple, le rôle des réseaux sociaux.
Pour une saine démocratie
La santé de la démocratie s’évalue par l’analyse critique de l’état de la participation citoyenne et du pouvoir citoyen, ainsi que par l’évaluation de la place réelle qu’y occupent les représentants du peuple à qui les citoyens délèguent leur pouvoir de définition et d’organisation du bien commun, selon Jean-Pierre Charbonneau, politicologue bien connu au Québec.
Ce qui implique la participation citoyenne; celle-ci suppose de jeter un regard attentif sur divers aspects de la vie politique comme le taux de participation aux processus électoraux, le niveau de l’engagement social et de l’action militante, ainsi que le niveau de l’éthique sociale des citoyens, encore selon Jean-Pierre Charbonneau.
Et il poursuit: «Quand on regarde aujourd’hui l’état de cette démocratie avec le peuple, on note le clignotement incessant d’un immense signal d’alarme qui indique un niveau inquiétant de désintérêt d’un nombre considérable de citoyens.» Et pourtant, des mécanismes existent qui favorisent la participation citoyenne soit des structures de consultation publique et l’activité de comités de citoyennes et de citoyens.
Le maintien d’une saine démocratie nécessite donc un engagement citoyen, une forte résistance aux jeux d’intérêt opposés au bien commun. Telle est l’interpellation qui nous est lancée et à laquelle nous répondons à la mesure de nos possibilités conjuguées à la force des collectivités.
Céline Beaulieu, CND
Fondation Rivières
Alors qu’Hydro Québec envisage de doubler sa production d’électricité d’ici 2050, notamment à des fins commerciales, c’est-à-dire la vente d’électricité à bas prix à des entreprises, aux dépens du harnachement des dernières belles rivières du Québec, Fondation Rivières s’est joint à une dizaine d’organisations pour demander «un moratoire sur l’octroi d’électricité pour le développement industriel jusqu’à ce qu’une politique énergétique cohérente et soutenue par la population émerge.»
Nouvelles du ROJEP
Le 27 octobre, le ROJEP tenait son assemblée générale annuelle. Le principal point à l’ordre du jour était l’avenir du Réseau à partir de trois scénarios issus d’une consultation tenue quelques mois plus tôt. Il y était proposé soit de maintenir le ROJEP en l’état avec la même mission, soit de planifier sa fermeture, soit de le fermer en tant qu’organisme à but non lucratif et, en parallèle, de planifier sa mutation.
L’option retenue est de réfléchir à la transformation du Réseau. Pour ce faire, une rencontre virtuelle est prévue le 4 décembre prochain.
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
Comme nous l’avions déjà annoncé, la 13e Rencontre internationale a bien eu lieu du 6 au 12 octobre, à Ankara en Turquie. Les trois déléguées du Québec disent y avoir effectué un super travail d’équipe et reviennent avec la tête et le cœur bien remplis de pensées féministes ! Elles y ont affirmé le rôle du Québec comme nation à l’intérieur u Canada avec le français comme langue commune, une culture, une histoire et des institutions politiques, économiques et sociales propres.
Elles sont revenues avec un texte inspirant, la Déclaration e la 13e Rencontre portant le titre Du pain et des roses un rappel du mouvement qui a pris naissance, il y a 25 ans u lendemain de la Marche québécoise de 1995.