Nouvelles du Groupe Solidarité Justice
Et si on se parlait de nos choix…
… sérieusement, en scrutant courageusement nos profondeurs…
Avons-nous choisi nos parents ? Avons-nous choisi notre lieu de naissance ? Avons-nous choisi notre religion ? Avons-nous choisi notre Dieu ? Quand avons-nous été consciemment libres de nos choix ?
Le conditionnement de notre éducation et de notre culture nous a-t-il laissées vraiment libres de nos choix ? Quand avons-nous choisi notre confort, notre aisance ? Ce que nous vivons aujourd’hui, pouvons- nous dire que c’est le résultat d’un choix ? Avons-nous choisi la santé ou la maladie ?
Nos réponses face à nous-mêmes peuvent varier ou se justifier, mais regardons-les en vérité.
Et si on s’intéressait aux choix…des autres : nos sœurs et nos frères poussés à la rue par la pauvreté, la maladie du corps ou de l’esprit, l’abandon ou la froide indifférence. Est-ce leur choix ?
L’itinérance s’est beaucoup diversifiée ces dernières années. Des pans de territoire avalés par les éléments déchaînés des mers, des incendies ou des guerres, des peuples exploités qui cherchent la paix et la sécurité. Ces gens déplacés frappent à nos portes. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir troquer leur soleil contre la froidure de nos hivers. Certains d’entre eux ont tout laissé derrière eux et ont entrepris à pied des parcours dangereux, titubant sur des chemins cahoteux troués de bombes et de préjugés. D’autres ne sont jamais parvenus à réaliser leur rêve.
Avons-nous le choix d’ouvrir nos portes ou de les fermer ? L’augmentation de la population progresse rapidement. Avons-nous le droit de laisser errer nos sœurs et nos frères en quête d’un pays ?, il est normal que toutes et tous mettent l’épaule à la roue. Un grand chantier s’ouvre devant nous. Ce serait extraordinaire de faire taire les objections défaitistes qui ne servent que les intérêts de la droite pour choisir dans la joie de participer à la réorganisation juste et équitable de notre grand pays.
Se pourrait-il que nous puissions faire le choix de tendre la main et d’ouvrir notre cœur pour que se réalise aussi le choix des personnes qui nous ont choisies pour partager leurs espoirs.
Avons-nous le choix ?
Denise Brunelle, CND
Regard sur un enjeu majeur : l’itinérance
Posons au départ que l’itinérance est la forme la plus extrême et la plus manifeste de l’exclusion sociale. Selon Centraide, «vivre en situation d’itinérance, c’est vivre l’exclusion sous plusieurs formes: exclusion du travail, du logement, de la famille.» Et que la problématique de l’itinérance, au-delà d’être vue comme la condition de personnes individuelles, est une réalité qui concerne la collectivité et qui interpelle les instances gouvernementales, tout niveau confondu.
Photographie du phénomène
Le plus récent dénombrement compte environ 10 000 itinérantEs, ce qui représente une hausse de 44% par rapport au précédent décompte effectué en avril 2018, soit 2523 personnes de plus dans la rue. Ces données «demeurent des nombres estimés et sont certainement inférieures au nombre réel de personnes en situation d’itinérance», précise le rapport du gouvernement du Québec.
L’itinérance s’est régionalisée. En 2018, 80% des personnes itinérantes se trouvaient à Montréal, comparativement à 60% en 2022. C’est en Outaouais que l’augmentation de l’itinérance est la plus frappante, soit une hausse de 389 personnes (268%). D’autres régions du Québec sont durement touchées, comme les Laurentides avec une hausse de 109% et la Montérégie, où l’itinérance visible a augmenté de 98%.
L’itinérance a de multiples visages: on y retrouve des hommes, mais aussi de plus en plus de femmes, des jeunes et des personnes aînées. Les autochtones y sont surreprésentés et on dénombre de plus en plus de personnes issues de l’immigration.
LES HOMMES célibataires, entre 25 et 55 ans, forment presque la moitié de la population des personnes sans-abri au Canada (47,5%).
LES JEUNES, âgés de 16 à 24 ans, constituent à peu près 20% de la population sans-abri. Ils et elles proviennent souvent de foyers caractérisés par des conflits familiaux, de perturbations dans leur vie scolaire, de la négligence et de la pauvreté. Beaucoup n’ont pas l’expérience de vie, les aptitudes ni les soutiens nécessaires pour vivre indépendamment, y compris la possibilité d’obtenir un emploi et un logement.
LES FEMMES: bien que le pourcentage de femmes appartenant à la population des refuges d’urgence soit moins élevé que celui des hommes (hommes: 73,6%, femmes: 26,2%), elles sont de plus en nombreuses à solliciter les services des organismes d’aide aux personnes itinérantes. Il est notoire que la violence familiale est une cause majeure d’itinérance chez les femmes.
LES AUTOCHTONES, (y compris les Premières nations, les Métis et les peuples Inuits) sont surreprésentés (environ 10%) parmi la population itinérante dans pratiquement tous les centres urbains au Canada. L’extrême pauvreté, le manque de possibilités et les logements inadéquats dans beaucoup des réserves constituent des facteurs de migration vers les villes.
L’itinérance recouvre une diversité de réalités visibles et moins visibles. Les personnes peuvent être contraintes de demeurer dans des logements insalubres ou non sécuritaires pour éviter la rue, ou encore loger temporairement chez des connaissances.
L’itinérance visible, c’est celle des personnes qui sont à la rue ou qui vivent dans des abris de fortune ou des immeubles désaffectés. Celle des personnes qui vivent dans les refuges ou les ressources d’hébergement.
L’itinérance cachée, c’est celle des personnes qui dorment dans leur voiture ou chez des amis ou qui se regroupent à plusieurs dans un appartement. Celle aussi des personnes qui vivent dans un établissement de brève durée comme une maison de chambre ou un motel.
De nombreux itinérants vivent dans des campements. Ainsi, Carl, qui sortait de prison. Pendant les sept mois de sa peine, il n’a pas pu garder son logement à 750$ par mois. Il est incapable de trouver un appartement selon son budget. Il s’est donc retrouvé à la rue pour la première fois de sa vie. Il a monté sa tente qu’il partage avec sa copine et leur chien.
Ce phénomène suscite des réactions de la part de l’entourage et des responsables publics. Le degré de tolérance est variable selon les milieux, et les personnes itinérantes sont trop souvent victimes de démantèlement de leur abri de fortune.
En 2023, plus de 609 campements ont été démantelés et au moins 126 campements connus ne l’ont pas été. Le phénomène des campements existe dans une vingtaine de villes du Québec même dans des régions aussi éloignées que le Saguenay et l’Abitibi. Des villes comme Québec ou Saint-Jérôme ont une politique de tolérance zéro pour ces installations de fortune. Sherbrooke, Gatineau et Longueuil manifestent plus d’acceptabilité, mais s’inquiètent. À Québec, on intervient pour rediriger l’itinérant campeur vers les services adéquats. Plusieurs habitants des campements ne souhaitent pas vivre en refuge.
Causes et enjeux
Les individus et les familles qui se retrouvent sans abri sont extrêmement vulnérables, n’ont pas de logement ni de revenu adéquats et ne disposent pas des soutiens nécessaires pour assurer leur vie sous un toit. Le facteur qui a le plus grand impact est le manque de logements abordables. Cependant, la discrimination peut entraver l’accès à l’emploi, au logement, à la justice et aux services et conduire des gens à la rue.
Des événements traumatisants (par exemple l’incendie d’une maison ou la perte d’un emploi), une crise personnelle (éclatement de la famille ou violence familiale), des problèmes de santé mentale ou de dépendance peuvent être la cause de l’itinérance.
Les personnes en situation d’itinérance sont confrontées quotidiennement à des défis tels: trouver un lieu sûr et sécuritaire, l’hiver, combattre le froid, avoir accès à de la nourriture, avoir accès à des toilettes publiques et autres infrastructures, gérer des problèmes de santé mentale et physique, obtenir des soins de santé et des services sociaux, lutter contre la discrimination et la stigmatisation, cohabiter dans l’espace public.
Pour nombre des personnes à la rue, les frustrations s’accumulent : une expulsion du métro parce qu’on s’est assoupi sur un banc, un refus d’aller aux toilettes dans un commerce, pas d’endroit où dormir au chaud, pas d’endroit parce que les refuges sont pleins. Et l’occupation libre de l’espace public par les itinérantEs est objet de tolérance dans les milieux où elles et ils tentent de vivre.
Le profilage social, la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance et la cohabitation sociale dans l’espace public sont des enjeux confrontants pour les personnes en situation d’itinérance. Souvent, ces personnes sont stigmatisées, perçues comme indésirables, sur qui on préfère fermer les yeux. Souvent la présence policière suscite de l’appréhension chez les personnes itinérantes qui craignent de la répression; l’émission de contraventions manifeste une forme de judiciarisation de l’itinérance. Par exemple, en 2020, les personnes en situation d’itinérance représentaient 20% des personnes ayant reçu un constat d’infraction dans la Ville de Québec. Le profilage social dont sont l’objet les personnes itinérantes génère les pratiques de répression.
Des ressources
On connaît la Maison du Père, La rue des femmes, Mission Bon Accueil. Ce sont des exemples de refuges d’urgence qui offrent un hébergement à court terme. Plus qu’un toit et un lit, ces lieux assurent une panoplie de services très diversifiés : aide alimentaire, aide matérielle, soutien psychosocial, soins de santé, etc.
D’autre part, des centres de jour ou de soir pour les personnes sans-abri se présentent comme des lieux où les bénéficiaires peuvent passer un moment afin de se réchauffer durant l’hiver ou pour obtenir divers services gratuitement à tout moment de l’année. Les services peuvent comprendre des activités de loisir, du counseling, des installations pour se reposer et s’occuper de ses besoins personnels ou tout autres services de soutien.
Autre ressource, les hébergements temporaires et de transition où certains organismes offrent de l’hébergement pouvant aller de quelques semaines à quelques mois, voire parfois un à deux ans. Ces types d’hébergement sont accompagnés d’un ensemble de services d’aide à la réinsertion sociale des bénéficiaires. Il peut s’agir d’aide à la recherche d’emploi et/ou de logement, de soins de santé mentale, d’intervention en dépendance, etc.
Cependant, les ressources d’hébergement peinent à répondre aux besoins soit qu’elles ne parviennent pas à trouver du personnel en nombre suffisant, soit faute de financement, soit que les lieux soient saturés. Ainsi, en octobre 2022, à Montréal, un minimum de 4690 personnes étaient en situation d’itinérance alors que la ville ne dispose que de 1600 places d’hébergement d’urgence aux conditions parfois plus que précaires.
Et il y a le travail de rue qui vise à accroître le mieux-être et l’autonomie des personnes rencontrées. Les travailleuses et travailleurs de rue accompagnent les individus dans leurs démarches auprès d’autres organismes communautaires, du réseau de la santé et des services sociaux ou encore du système judiciaire.
Le communautaire est aussi une ressource précieuse face à l’itinérance. Ainsi, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), le regroupement des organismes communautaires en itinérance à Montréal, réunit plus d’une centaine d’organismes qui agissent sur différents fronts, autant en prévention qu’en réduction de l’itinérance. Le RAPSIM intervient sur les facteurs sociaux qui mènent à l’itinérance incluant l’accès au logement, la lutte à la pauvreté, la défense du droit de cité et l’accès aux soins de santé sans discrimination. Au tournant des années 2000, le RAPSIM et ses alliéEs ont déployé d’importantes actions pour s’opposer à une approche policière particulièrement répressive à l’endroit des personnes en situation d’itinérance.
Bref…
Par rapport à l’itinérance, nous sommes devant une crise humanitaire qui réclame des solutions de long terme. Nous sommes en situation de crise sociale, au plan du logement comme du financement des ressources communautaires et des services publics. Il faut faire en sorte de donner aux gens de quoi survivre, bien sûr, mais aussi de quoi s’en sortir. C’est une question d’humanité et de solidarité de base.
Le logement d’abord. Même si l’accès au logement n’est pas la seule condition pour prévenir et réduire les situations d’itinérance, il est indispensable. Le logement est un droit fondamental ; il est donc impératif que chaque personne qui le souhaite ait accès à un logement adéquat et financièrement abordable, qui soit aussi un lieu sécuritaire et salubre.
Et le droit à la ville, c’est-à-dire à la cohabitation dans l’espace public.
Selon Anick Desrosiers, intervenante sociale, « les personnes en situation d’itinérance n’appartiennent pas à la rue et à l’ombre : elles sont de notre communauté et ont un avenir comme personnes domiciliées, si on s’engage collectivement à y arriver avec elles. » (Le Devoir, 20 décembre 2023)
Donnons le dernier mot à Boucar Diouf tiré de son texte Banc de Quêteux et banc de parc (texte joint) :
Le quêteux, c’est celui qu’on croise, le regard fuyant, lui tendant parfois une pièce, mais rarement l’oreille, c’est la victime de la crise du logement, c’est l’étranger qui se sent seul et oublié dans une terre qu’on lui disait d’accueil, et bien d’autres. Le quêteux, au fond, c’est celui qui nous tend la main pour briser sa solitude et à qui on devrait ouvrir son cœur pour mieux découvrir les joies des plaisirs solidaires.
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
À l’assemblée du 23 janvier de la CQMMF, à laquelle Violaine a participé, dans la perspective de revendiquer pour les femmes d’ici et d’ailleurs, les participantes ont convenu d’appeler à un cessez-le- feu total et immédiat du blocus de Gaza et de réclamer la protection du peuple palestinien.
Un retour a été fait sur la rencontre internationale d’octobre à Ankara en Turquie. Une thématique ressort: «Marcher contre les guerres et le capitalisme, pour les souverainetés populaires et le bien vivre (buen vivir).»
L’assemblée a lancé la mise en route vers 2025. Il s’agissait de définir l’orientation et la forme de mobilisation pour l’action internationale quinquennale. La question s’est posée à propos d’un rassemblement national et de la ville hôte. On s’est rappelé le but d’un tel rassemblement : sentir la force, l’énergie qu’il peut permettre. Des consultations sont prévues en vue de ce moment fort de mobilisation féministe.
Le FRAPRU
La clé, c’est le logement social, tel est le thème d’une campagne de visibilité lancée par le FRAPRU en vue du budget 2024-2025 du Québec. Alors que les ménages locataires subissant les conséquences de la crise du logement sont toujours plus nombreux, la campagne invite la population à interpeller la ministre de l’Habitation et le Premier ministre. Un courriel sur le site du FRAPRU leur demandant de financer le logement social à la hauteur des besoins peut ainsi leur être envoyé, en quelques clics.
Pour participer à la campagne, aller sur le site du FRAPRU à «Campagnes »; cliquer sur «consulter» et dérouler la page jusqu’à l’espace où signer.
Fondation Rivières
Une rivière à protéger: le Richelieu, en Montérégie 113 km de long.
Fondation Rivières, dont notre groupe est membre, se joint à plusieurs groupes environnementaux et groupes citoyens qui demandent la tenue d’une évaluation environnementale indépendante et des audiences publiques essentielles pour protéger les citoyens et l’environnement concernant l’implantation de l’usine de batteries Northvolt en Montérégie.
Une importante mobilisation à cet effet: une MARCHE FUNÈBRE, le 4 FÉVRIER, à 13H sur le stationnement de l’hôtel de ville de MCMASTERVILLE: NORTHVOLT SANS BAPE, C’EST NON !