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Nouvelles du Groupe Solidarité Justice

Quand l'éducation libératrice libère… !

De quelle libération s'agit-il ? Selon Paulo Freire, l'instigateur de cette pédagogie, «Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul: c’est ensemble qu’on se libère». L'éducation devient alors une pratique de liberté. Grande et profonde question: sommes-nous libres et avec qui?

L'option de se rapprocher des écraséEs, des laissés pour compte, de celles et ceux qui subissent les conséquences de choix politiques, de celles et ceux du bas de l'échelle et qu'on appelle aujourd'hui la «périphérie», c'est un choix exigeant.

L'actualité nous donne une démonstration convaincante d'action/éducation libératrice: un petit groupe de locataires de la résidence pour personnes âgées Mont-Carmel, à Montréal, s'est engagé dans la lutte contre les rénovictions des logements dont elles et ils sont victimes. Cette pratique qui se répand de plus en plus au Québec amène un promoteur à expulser des locataires sous prétexte de faire des rénovations qui auront comme conséquence une augmentation du prix des loyers. La petite équipe s'est alors mobilisée et est allée à la recherche des alliéEs qui pouvaient se solidariser avec eux. Courageusement et avec conviction, cette équipe est rendue à l'étape de démarches de cour dont l'issue pourrait changer la situation intolérable des aînéEs face à l'exploitation de promoteurs trop ambitieux.

On ne se libère pas seul! On se libère ensemble de tout ce qui touche à la dignité des personnes! L'exemple de la détermination de cette petite troupe de militantes et de militants qui remue le Québec force aujourd'hui notre admiration. Quand, jusqu'au bout de la vie, la militance ne fléchit pas, on peut espérer que David puisse encore vaincre l'adversité…

On se libère de quoi ensemble? L'importance accordée à l'analyse sociale constitue sûrement une base solide qui permet de comprendre une situation et de mettre en commun nos perceptions de la réalité.

La charité ou le respect mal compris n'est pas une panacée ni un bouclier qui nous met à l'abri de la cohérence de nos options. L'action éclairée et solidaire se nourrit de tous les apports que chaque personne offre à l'ensemble: «on ne se libère pas seul». Les orientations du gouvernement nouvellement élu seront-elles dans la ligne du parti pris de l'éducation libératrice? À nous d'y voir et d'exercer une vigilance continue… ensemble.

Une éducation libératrice est un parti pris en faveur de celles et ceux qui échappent à nos critères de sélection. Les militantes et les militants de la résidence Mont-Carmel méritent notre admiration et nous redisent que la foi en une cause juste peut remuer une montagne. C'est une source d'inspiration pour nous. La lutte avec les oppriméEs, la reconnaissance de tous nos pré-jugements favorisent la lucidité et nous aide à ne pas nous échapper du réel, à ne pas échapper le réel. Rappelons-nous que toutes les transformations sociales ont été gagnées de haute lutte par les moins bien nantis qui réclament justice et égalité des chances.

Notre visée d'éducation libératrice doit nous obséder et se traduire en actes de libération pour toute la création. C'est un chantier ouvert pour toutes et tous; encourageons-nous à nous libérer ensemble… jusqu'au bout du chemin!

Denise Brunelle


REGARD SUR UN ENJEU MAJEUR: L'ÉDUCATION

Un système discriminatoire

À propos du système scolaire que l’on connaît, au Québec, Stéphane Vigneault, coordonnateur du mouvement l’École ensemble affirme: «Ce ‘’modèle’’ québécois a été toléré par nos élus depuis 50 ans, mais je crois qu’à force de toujours plus sélectionner, trier et tamiser les enfants, ce système a atteint son point de rupture. (…) Il n’y a aujourd’hui plus d’acceptation sociale pour l’école à trois vitesses.» Point de vue publié dans le Journal de Montréal, le samedi 10 septembre 2022.

On s’est déjà parlé de l’école à trois vitesses: l’école publique, l’école privée subventionnée et l’école publique à projets particuliers. On aura compris que ce système nourrit les inégalités, réduisant les possibilités de réussite et d’épanouissement d’une part non négligeable de la population scolaire du Québec. À titre d’exemple, parmi les élèves qui fréquentent le public ordinaire au secondaire, à peine 15% iront à l’université. Pour le public avec sélection, le taux est de 51%. Et pour le privé, c’est 60%. Des données citées par La Presse, le 25 mars 2019.

Le système que l’on connaît crée de la concurrence et cette concurrence fait des dommages collatéraux. Ses victimes les moins privilégiées ou les moins performantes, écopent du manque de mixité intellectuelle, économique et sociale en classe⁠. Mathieu Bernière, un enseignant au secondaire, dans une lettre ouverte au nouveau ministre de l’éducation (Le Devoir, samedi 22 octobre) parle des classes ordinaires peuplées de laissés-pour-compte, moins nantis et disproportionnellement en proie aux troubles d’apprentissage, à la pauvreté et à la démotivation. Un tel milieu où évoluent les élèves, malgré la bonne volonté du personnel, les disqualifie, coupe la confiance en soi, provoque un sentiment d’échec qui semble inéluctable.

Un tel système à tendance discriminatoire existe à la faveur de valeurs individualistes et matérialistes. Le chacun pour soi y prédomine et l’appétit pour la réussite individuelle y prévaut sur le projet collectif que pourrait être l’école. Et ce, sans compter l’aspect marchand de la formation scolaire. Cet état de fait a pour conséquence de reproduire les inégalités sociales préexistantes.

En effet, la marchandisation de l’éducation amène à considérer celle-ci comme un produit, un bien de consommation, dont la valeur est déterminée en fonction de sa capacité à répondre aux besoins du marché. Cette vision utilitariste a pour effet de détourner l’éducation de ses finalités propres pour la mettre au service d’objectifs économiques: la rentabilité, la performance, le profit, etc. Il importe de sortir du clientélisme pour retrouver la mission essentielle de l’éducation, d’opter pour un système démocratique, égalitaire, qui garantit l’égalité des chances.

Mission de l’éducation

Au juste et justement, quelle est, la mission de l’éducation comme responsabilité collective? Il faut d’abord convenir que la valeur fondamentale de la personne humaine est au cœur du projet éducatif. L’éducation vise essentiellement à construire des individus accomplis et en possession de leurs moyens. Elle préside à l’émergence de femmes et d’hommes curieux, critiques et heureux, des citoyennes et des citoyens engagés socialement. Citons un vétéran: L’éducation est l’un des facteurs les plus importants pour favoriser l’engagement civique et aider tous les individus à donner un sens à leur vie ainsi qu’à leur statut de citoyens. (Jean-Pierre Charbonneau, cosignataire de L’éducation des jeunes à la citoyenneté guérira-t-elle la démocratie? Le Devoir, 26 octobre 2022)

Une telle vision de l’éducation suppose, bien sûr, l’acquisition de connaissances et la découverte de valeurs qui orientent l’avenir de la personne. Elle est aussi le lieu d’expériences constructives, de développement d’initiatives et de confrontation avec les pairs. Elle favorise le plaisir d’apprendre et de découvrir. Pourquoi ne serait-elle pas une école du bonheur? La relation cordiale et confiante avec l’éducatrice ou l’éducateur crée la condition favorable à la réalisation d’un tel projet éducatif. Celle-ci ou celui-ci est un médiateur-clé de sa réussite.

De ce point de vue, le Rapport Parent a été porteur de grandes orientations pédagogiques appuyées sur une philosophie humaniste. Les orientations qui en sont issues ont donné le ton en établissant certaines priorités éducatives toujours actuelles : démocratisation et accessibilité, transmission d’une solide formation générale pour tous et toutes, valeur importante accordée à la culture, accompagnement différencié, pédagogie active, préparation à la vie en société.

Un projet sociétal

Quand il est question de réformer le réseau scolaire, on parle de murs décrépits à restaurer, de ventilation manquante. Plus crucialement, on déplore la pénurie de personnel enseignant. Pour reprendre les propos tenus dans l’Heure juste de septembre 2018, l’heure n’est plus au fard ou au calfeutrage, mais à une option radicalement novatrice en faveur d’une éducation de qualité. Il faut, disions-nous, façonner notre système d’éducation à la manière de celui qui plante un chêne, un arbre solide, au tronc fort, un arbre aux racines profondes comme symbole d’une société unifiée par un tronc commun.

Pour implanter une telle éducation de qualité, des défis se pointent à l’horizon. Nommons d’abord l’importance d’une formation qualifiante des futurs enseignants et enseignantes; nous ne saurions mettre en doute la façon dont les universités québécoises assument cette responsabilité. Il importe ensuite de nourrir la motivation des professeurEs jeunes et moins jeunes afin de favoriser leur rétention dans la profession. Ceci suppose la reconnaissance de la valeur de leur travail et des conditions d’exercice facilitantes. Cette reconnaissance relève d’abord des parents, prioritairement des instances scolaires et, ultimement, du ministère de l’Éducation.

Le premier Ministre récemment réélu a proclamé l’éducation comme sa première priorité. Du même souffle, il confirme son ancrage dans l’économie. Est-ce qu’il entend faire de l’éducation un outil de valorisation économique du Québec en accentuant sa marchandisation? Ou mettra-il les meilleures ressources du Québec au service de la qualité de l’éducation? D’un point de vue de solidarité sociale et comme éducatrices, nous l’aurons à l’œil.

Vigilance!


EN NOTRE NOM

Au nom du Groupe Solidarité Justice, nous avons envoyé un message d’appui aux résidentes et résidents de la résidence Mont-Carmel, une résidence pour personnes âgées. Ils et elles ont été frappés par un avis d’éviction, le nouveau propriétaire ayant résolu de modifier le statut de la maison. Pour saisir l’enjeu et mesurer la solidarité manifestée, nous vous encourageons à voir la vidéo: http://ferrisson.com/solidarite-mont-carmel/ .

  1. Campagne du coquelicot blanc

Le Collectif Échec à la guerre mène présentement sa 12e campagne annuelle du coquelicot blanc, sous le thème «URGENCE MONDIALE: Désescalade!» Le Groupe Solidarité Justice prévoit s’y inscrire comme groupe. Chacune de nous peut le faire individuellement en acheminant le montant de 10$. L’envoi doit être adressé au Collectif Échec à la guerre, 65 rue Beaubien Est Casier #127 (Comptoir UPS 306) Montréal, QC H2S 1S8 (Le paiement par chèque est fait au nom du Collectif Échec à la guerre, avec la mention "Publication de la déclaration").

Information complémentaire

Pour marquer le jour du Souvenir, le Collectif Échec à la guerre organise une cérémonie alternative. Cette cérémonie d’environ une heure aura lieu le vendredi 11 novembre, à 13h, à la salle de la Maison Bellarmin, située au 25 rue Jarry ouest. En paroles, en chants, en musique et en théâtre d'ombres, on y dénoncera les horreurs des guerres et y commémorera toutes les victimes, civiles et militaires.

  1. Développement et paix

Développement et paix a 60 ans cette année. On le connaît comme un mouvement démocratique de solidarité internationale soutenant des partenaires dans les pays du Sud qui mettent de l’avant des solutions de rechange aux structures sociales, politiques, économiques et environnementales injustes.

La campagne de cette année Les gens et la planète avant tout demande à la Chambre des communes d’adopter une loi sur la diligence raisonnable en matière de droits humains et d’environnement. Pour signer la pétition, aller sur le site de Développement et paix et sélectionner Les gens et la planète avant tout.