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Heure Juste – février 2022

Le logement décent, un droit ou un privilège?

Réfléchir sur le problème du logement dans un contexte de pandémie, est-ce bien à propos? Si on hiérarchisait l’ensemble des mouvances actuelles de la planète, le logement se placerait-il en priorité? Et pourtant toutes les chartes civiles énoncent des articles convaincants sur la dignité et le respect des personnes dans leur environnement.

L’atmosphère de panique entourant notre vie en pandémie embrouille souvent notre jugement en matière de droits des personnes. Notre situation confortable nous engourdit dans une douce chaleur.

Par chance ou par malchance, notre quartier a été privé d’électricité deux jours consécutifs dernièrement: explosion d’un transformateur d’Hydro-Québec. Après quelques heures, le froid commence à nous pénétrer et s’attaque à toutes les pièces et les objets de la maison. Sans repas chaud, sans chauffage, sans clarté, ni les secours en confinement!

Nous observons les équipes d’électriciens qui travaillent sans relâche dans les hauteurs et dans la poudrerie par un froid sibérien; nous pensons aux familles dont les logements mal isolés laissent sortir les cris des enfants innocents qui ont faim; nous pensons aux femmes dont le fardeau s’accroît à chaque coup du sort. Nous pensons aux itinérant.es qui cherchent la chaleur humaine ou animale pour vaincre les morsures du froid et l’indifférence des personnes nanties… comme nous! Ils n’ont pas de place dans la hiérarchie!

Nous pensons, avec une rage au cœur, aux mauvais propriétaires qui exploitent la situation de pénurie de logements pour augmenter les loyers, les rendant inabordables pour les familles. Nous pensons… nous pensions et nous penserons… Que ferons-nous quand les cris assourdissants de la détresse humaine atteindront nos tympans épaissis?

Notre réponse collective et individuelle aura toujours besoin de notre solidarité pour nous aider à concrétiser nos actions de façon éclairée. La bonne volonté ne peut se soustraire à cet exercice. Le but que nous continuerons de fixer sera toujours de nous sensibiliser, de nous mobiliser vers l’accomplissement d’une plus grande justice.

Marguerite Bourgeoys, première maîtresse d’école à Ville-Marie écrivait:

«La prière doit être dans la pensée, la parole et l’exécution.» Trois mots qui ne peuvent être dissociés: pensée-parole-exécution.

Dans la chaleur d’un foyer bien chauffé,

Denise Brunelle


LOGEMENT EN MOUVANCE

FOCUS

Chaque année, le 1er juillet, des centaines de familles se trouvent à la rue, faute d’avoir trouvé un logement disponible et abordable qui corresponde à leurs besoins et à leur revenu. En même temps, se construisent en nombre indécent des tours de condos aux appartements de plus en plus petits, inappropriés pour les familles. Pouvons-nous parler de justice sociale en matière d’habitation? N’y a- t-il pas là un enjeu qui appelle à la solidarité? Le présent dossier fait un tour d’horizon sur la problématique du logement de façon à ajuster quelque peu nos connaissances et à nous mobiliser.

Crise du logement

La pénurie de logements, conjuguée à des hausses abusives du coût des loyers, aux menaces de rénovictions, à la surpopulation de nombreux logements souvent insalubres met à mal les conditions de vie des ménages locataires (un sur quatre au Québec). Selon le FRAPRU, dans son bulletin de l’automne 2021, des dizaines de ménages locataires sont forcés de vivre dans des logements totalement inadéquats, insalubres, trop chers ou encore non sécuritaires.

Pénurie de logements

Au 1er juillet 2021, 500 ménages se sont retrouvés à la rue. Le taux d’inoccupation, particulièrement des grands logements, est très faible, ce qui amène des ménages à signer des baux pour des logements trop chers ou trop petits ou insalubres.

Au Québec, 38 000 ménages locataires attendent depuis plusieurs années une habitation à loyer modique. À Montréal notamment, les options sont souvent limitées au moment où quelque 23 000 ménages sont sur une liste d’attente pour obtenir un logement social. Et la construction de logements sociaux progresse au compte-gouttes: 3750 sur les 14 000 promis par la CAQ en 2018. Le besoin est de l’ordre de 50 000.

Coût des loyers

La rareté des logements et la spéculation entraînent des hausses abusives du coût des loyers allant jusqu’à 27% durant la dernière année. Il faut savoir que le prix moyen d’un 4 ½ (le type de logement le plus populaire) tourne aux alentours de 1000$ par mois dans la province.

Cependant, le coût moyen, dans la région métropolitaine, se situe à 1302$ par mois, ce qui requiert un revenu familial de près de 50 000$ pour rester dans la limite de 30% du revenu consacré au loyer.

Les rénovictions

Cette pratique de rénoviction affecte des personnes qui habitent leur logement depuis 20, 30, voire 40 ans et vivent donc dans un environnement social bienveillant. Ce sont souvent des personnes seules et/ou moins nanties.

Qui écope?

Au vu du prix des loyers et de la rareté des logements sociaux, on comprendra aisément la difficulté de se loger pour les personnes assistées sociales ou pour celles qui travaillent au salaire minimum?

Le facteur de discrimination affecte pour sa part les personnes racisées, autochtones et les familles nombreuses. Combien de refus, déguisés ou non, essuient les familles de ces catégories sociales en quête de logement?

Les personnes seules sont aussi les plus à risque d’abus de la part de propriétaires cupides. Il faut savoir qu’environ 50% des personnes seules sont locataires. Souvent, il s’agit souvent de personnes âgées et vulnérables. Dans les cas de rénovictions, elles sont plus nombreuses à subir les pressions pour quitter leur logement.

De plus en plus de propriétaires, souvent de nouveaux acheteurs, font pression sur leurs locataires pour qu’ils résilient leur bail sous le prétexte de faire des travaux majeurs alors qu’environ 10% des appartements requièrent de tels travaux d’envergure. À titre d’exemple, dans le quartier Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, pour l’année 2018, il y a eu 167 procédures d’éviction. D’autres quartiers connaissent cette même expérience, tels le Plateau Mont-Royal, Villeray, Verdun et d’autres. Le phénomène ne touche pas que la population montréalaise. À terme, l’objectif inavoué serait d’augmenter le coût du loyer ou de transformer le bâtiment en condo.

Face à la crise du logement, les femmes sont particulièrement touchées comme le démontre un article du Devoir du 1er décembre 2021. L’augmentation du coût des loyers, qui a atteint 4,6% entre 2019 et 2020 sur l’île de Montréal, affecte particulièrement les femmes, dont le revenu médian s’établit à 82% de celui des hommes, selon des données de Statistique Canada. La quête d’un logement est particulièrement ardue pour les mères de familles monoparentales qui tentent de dénicher une unité abordable, mais aussi de taille suffisante pour y accueillir leurs enfants. De surcroît, la difficulté devient aigüe pour de nombreuses femmes à faible revenu qui tentent de fuir un conjoint violent.

Mobilisation citoyenne

Le Québec a un long historique de mobilisation citoyenne pour défendre le droit au logement. Deux regroupements sont particulièrement actifs en matière de justice sociale relativement à l’accessibilité à l’habitation à des conditions raisonnables.

On connaît le Front d’action populaire en réaménagement urbain, le FRAPRU. Celui-ci compte trente membres participants et un grand nombre de membres associés. Le FRAPRU s’implique par rapport aux enjeux d’aménagement urbain, de lutte contre la pauvreté, de promotion des droits sociaux. C’est un groupe de pression très présent sur la scène publique.

Le second organisme important est le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, le RCLALQ, qui rassemble une cinquantaine de comités logement dans les différentes régions du Québec et dans les quartiers montréalais. Sa mission: la promotion du droit au logement particulièrement pour les ménages à faible revenu. Il veille à la mobilisation et au droit d’association sur les enjeux de droit au logement.

L’ensemble de ces mouvements constitue une immense toile de solidarité en matière de défense du droit au logement. Telles sont des voix audibles aux oreilles du public et des dirigeants aux différents paliers gouvernementaux.

Quoi attendre des instances gouvernementales?

Force est de reconnaître l’immobilisme des niveaux supérieurs de gouvernement. Au fédéral, c’est depuis 1994 que le gouvernement s’est retiré du financement du logement social, renvoyant cette responsabilité aux provinces sans le transfert des fonds correspondants. En conséquence, le financement du logement social tombe à zéro.

Depuis, plus de promesses, souvent en campagne électorale, que de réalisations composent le tableau de la réalité. Ainsi, le programme Accès Logis, qui vise à réaliser des logements communautaires et abordables pour des ménages à revenu faible via une subvention à la Société d’habitation du Québec (SHQ), est compromis par la volonté du gouvernement de la CAQ de réorienter ce financement vers des promoteurs privés.

Cependant, une loi intéressante proposée par Québec solidaire et adoptée par l’Assemblée nationale interdit au propriétaire d’évincer un locataire d’un logement si celui-ci ou son conjoint est une personne âgée de 70 ans et plus, qui habite le logement depuis 10 ans ou plus et dont le revenu annuel le rend admissible à un logement à loyer modique.

Pour une politique d’habitation

Les regroupements de défense du droit au logement ont, l’un après l’autre, proposé une politique d’habitation. Le FRAPRU mène présentement une campagne en ce sens.

Les objectifs visés sont les suivants:

  • Reconnaître et mettre en œuvre le droit au logement tel que reconnu dans la Charte québécoise des droits et libertés.
  • Accroître la proportion des logements sociaux (à 50 000) pour répondre aux besoins les plus criants.
  • Protéger les locataires par un registre universel et obligatoire des loyers, par une modification du Code civil de façon à contrer les évictions illégales, par l’adoption d’un code national du logement qui assure le maintien en bon état du parc locatif.

DERNIER MOT

IL IMPORTE QUE LE LOGEMENT SORTE DE LA LOGIQUE DU MARCHÉ!

APPEL À LA SOLIDARITÉ AVEC LE MOUVEMENT DE DÉFENSE DU DROIT À UN LOGEMENT DÉCENT À PRIX ABORDABLE EN FONCTION DU REVENU DES LOCATAIRES.

Céline Beaulieu Participation à la recherche: Louise Breton


RÉMINICENCES

Du temps pour apprendre

Fidèles à notre objectif de formation et de discernement, chacune de nos assemblées générales est l’occasion d’un bon temps de formation sur des enjeux sociaux contextualisés selon l’actualité, en compagnie de personnes ressources fort pertinentes. Voici, en vrac, une liste non exhaustive de thèmes qui ont été abordés tout au long de l’histoire du Groupe Solidarité.

Justice.

  • Contre la privatisation de l’eau
  • Bien commun
  • Impact de la transformation du système de santé Mouvances planétaires, migrations
  • Charte mondiale des femmes pour l’humanité Revenu de citoyenneté
  • Lecture féministe de l’économie
  • Femmes autochtones
  • Participation au Forum social mondial
  • Spiritualité de l’engagement social
  • Une manière spirituelle d’habiter la Terre-mère
  • Défis de l’engagement face à l’empire, perspective du Royaume Clés de l’information
  • Mobilisation citoyenne
  • Sur le terrain des indignés, planter sa tente